Le Tourbillon – Journal officiel mensuel de la Ville de La Chaux-de-Fonds

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Culture Le dossier du mois Patrimoine

Tout feu tout flamme: fête de l’urbanisme horloger

Tout feu tout flamme fête de l’urbanisme horloger

La Fête de l’urbanisme horloger célèbre cette année le 15e anniversaire de l’inscription de La Chaux-de-Fonds, et de sa voisine Le Locle, sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. À quelques jours de l’événement, Le Tourbillon a rencontré Léonard Reichen, coordinateur pour la Fondation Urbanisme Horloger, pour faire le point sur cette édition.

Que symbolise à vos yeux la Fête de l’urbanisme horloger ?
La Fête de l’urbanisme horloger est la célébration d’un instant historique qui a marqué nos deux villes. Le 27 juin 2009, La Chaux-de-Fonds et Le Locle obtenaient une reconnaissance mondiale, et entraient sur la Liste du patrimoine mondial lors du congrès de l’UNESCO à Séville. J’étais jeune lycéen à cette époque et je me souviens d’un instant de fierté et de reconnaissance au sein de la population, qui avait été fêté simultanément dans les deux villes.

À mes yeux, la Fête de l’urbanisme horloger mélange aujourd’hui plusieurs éléments. Il y a une mission de faire (re)découvrir le patrimoine à la population, de raconter l’histoire de ces maisons, de ces bâtiments, devant lesquels on passe tous les jours à pied sans y prêter forcément attention. L’autre mission est de maintenir une part de rencontres et de festivités à même la rue. C’est ce qui nous guide cette année encore.

Quelles sont les particularités de l’édition 2024 ?
Avec le thème « Tout feu, tout flamme », l’édition 2024 s’intéresse aux origines des villes telles que nous les connaissons aujourd’hui. Que ce soit La Chaux-de-Fonds en 1794 ou Le Locle en 1683, 1765 et 1833, les deux anciens bourgs ont été partiellement voire totalement détruits par de violents incendies. De ces drames ont émergé d’importantes réflexions au sein des autorités pour définir la manière de planifier la reconstruction puis le futur développement, particulièrement à travers les plans d’urbanisme de Charles-Henri Junod, ancien ingénieur des ponts et chaussées.

Un autre axe de la fête est l’événementiel, mêlé au culturel. La tenue du premier brunch de l’urbanisme horloger (sur réservation) le 30 juin à La Chaux-de-Fonds est aussi l’idée d’accueillir et d’intéresser un public plus familial au patrimoine. Chacune et chacun pourra bruncher à l’ombre des marronniers de la Promenade des Six-Pompes, au cœur de la vieille ville, avant pourquoi pas, de se rendre à un spectacle de marionnettes ou de visiter la ville avec un guide. Les Lunchs du patrimoine, mis sur pied une fois par mois par la Ville de La Chaux-de-Fonds, sur un format court, partagent aussi cet objectif.

Y a-t-il une expérience qui vous a particulièrement marqué par rapport à cet événement ?
Je n’ai pas d’événements précis qui me reviennent en tête. Il s’agit davantage d’un ensemble. J’aime voir les rues de La Chaux-de-Fonds et les lieux du patrimoine vivre, s’animer et vibrer. S’ouvrir au grand public et aux curieux·ses. Il y a une telle richesse cachée derrière les façades parfois austères de notre ville, qu’elle mérite d’être rappelée et racontée à un large public. Depuis quinze ans, le but de la Fondation urbanisme horloger est de faire vivre l’inscription des villes du Locle et de La Chaux-de-Fonds sur la Liste du patrimoine mondial.
Locle samedi 29 juin, deux visites en petit train touristique emmèneront le public sur les traces des bâtiments qui ont été détruits, tandis qu’à La Chaux-de-Fonds, le public pourra découvrir seul, avec un guide papier, ou grâce à une visite guidée, seize bâtiments ayant résisté au grand incendie de 1794, il y a 230 ans. La Ville de La Chaux-de-Fonds inaugure à cette occasion une mise à jour de son parcours « Feu & Lieu », conçu en 1994 pour le bicentenaire de l’incendie.

En ce sens, nous avons aussi revu l’organisation de la fête depuis cette année. Chaque ville aura désormais sa journée (le samedi 29 au Locle et le dimanche 30 à La Chaux-de-Fonds). Nous encourageons vivement les Chaux-de-Fonnier.e.s à aller découvrir le patrimoine du Locle et vice-versa.

www.urbanismehorloger.ch

Jean Christophe Malou, rédacteur
Photos : Léonard Reichen

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Culture Patrimoine

LA VILLA FALLET

la villa fallet

Vous avez fréquenté la Villa Fallet ou en possédez des images extérieures ou intérieures ? N’hésitez pas à contacter l’Association :
info@villafallet.ch ou Association Villa Fallet, Chemin de Pouillerel 1, 2300 La Chaux-de-Fonds.

Prochaines ouvertures publiques :
– dimanche 9 juin 2024, 10h-17h, en lien avec la Journée mondiale de l’Art Nouveau ;
– dimanche 21 juillet 2024, 10h-17h, avec visite guidée gratuite à 11h.

La photo est un peu floue. En sépia et dans un léger contrejour, on parvient tout de même à y discerner une salle à manger boisée, meublée d’un buffet imposant orné de pives, d’une table et de quatre chaises dont le motif du dossier rappelle des sapins. Dans le fond, on aperçoit une petite niche, des boiseries crénelées, des peintures murales avec une frise rehaussée de feuilles d’érable voletant, et là, dans l’angle, un motif de chauve-souris. Du gui est suspendu au plafond, un pot d’oxalis posé sur le buffet, une petite estrade à côté de la fenêtre est surmontée d’une chaise qui attend qu’on vienne s’installer pour regarder pousser le jardin, tranquillement. 

Cette photographie, ainsi que ses deux compagnes provenant des archives de l’École d’art, sont les seuls témoins de ce qu’était, il y a plus d’un siècle, l’intérieur de la Villa Fallet. Maison représentative du Style sapin, elle fut la première réalisation architecturale sur laquelle a travaillé Charles-Édouard Jeanneret (futur Le Corbusier).

Mais ce n’est pas à défaut d’avoir fouillé — au contraire, nombre de chercheur·euse·s se sont échiné·e·s à dénicher des images qui viendraient compléter ce fragmentaire dossier.

Pour avancer sur les projets de restauration de ce patrimoine exceptionnel, l’Association Villa Fallet prend aujourd’hui le relai et mène des recherches matérielles sur la maison avec la collaboration de conservateur·trice·s-restaurateur·trice·s spécialisé·e·s. Les premiers sondages ont permis de redécouvrir notamment les couleurs originales que la photographie n’a pas su nous transmettre. Parallèlement, l’Association poursuit ses recherches historiques afin de compléter l’enquête. Mais pour cela, elle a besoin de vous !

 
Marie Gaitzsch
Présidente de l’Association Villa Fallet

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Culture La ville racontée à travers ses rues Patrimoine

La ville racontée à travers ses œuvres d’art : maternité

la ville racontée à travers ses œuvres d'art: maternité

Le sculpteur André Huguenin-Dumittan a laissé une trace importante au cœur de la ville. De nombreuses sculptures et bas-reliefs sont visibles comme L’Étude, deux grands personnages à l’entrée sud de la Bibliothèque de la Ville, La Liseuse, accrochée à la façade de la rue Léopold-Robert 39, où se trouvait une librairie, ou La Baigneuse, au centre d’une fontaine dans le Parc Gallet.

En 1933, suite à l’aménagement du Parc de l’Ouest, ancienne place du marché, en jardin public, il réalise une sculpture monumentale en bronze : Maternité. Cette œuvre est une commande de la Ville. Lors de sa séance du 3 mars 1933, le Conseil général décide, malgré la crise, de prélever la somme de CHF 16’000.— au fonds d’encouragement des Beaux-Arts et à la réserve pour l’embellissement de la ville. Le monument est remis aux autorités le 7 juillet 1934 lors d’une cérémonie officielle. On peut lire dans L’Impartial du 9 juillet 1934 que « lorsque le voile qui cachait le monument tomba, la belle statue apparu dans son émouvante simplicité et fut fort admirée ».

 

André Huguenin-Dumittan travaillait dans un atelier au parc Gallet. C’est donc naturellement que sa Maternité est déplacée à proximité de cet atelier, en 2013, lorsque la Ville reçut de la part de la marque Chevrolet, qui fêtait son centenaire, une œuvre de Christian Gonzenbach représentant le buste de l’illustre constructeur de voitures né à La Chaux-de-Fonds en 1878. 

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine
Photo : Ville de La Chaux-de-Fonds, Maternité, 1933, Parc Gallet

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Culture Patrimoine

Journée mondiale de l’Art nouveau : triple inauguration

Journée mondiale de l’Art nouveau: triple inauguration

Depuis 2013, la Journée mondiale de l’Art nouveau est l’occasion de mettre en valeur ce patrimoine international. Fixée au 10 juin, date anniversaire de la disparition de deux grands architectes de l’Art nouveau : le Catalan Antonio Gaudi et le Hongrois Ödön Lechner, cette journée est portée par un thème, cette année la lumière. C’est donc naturellement que les autorités ont choisi cette date pour une triple inauguration en lien avec l’Art nouveau : deux nouveaux toponymes féminins et l’installation de vitraux. 

Les vitraux, dont le lien avec le thème de la lumière est évident, sont ceux de Jules Courvoisier. Retrouvés début 2022 dans le dépôt d’un entrepreneur, ils proviennent de la chapelle de Cernier-Fontainemelon, décorée en 1907 par les élèves du Cours supérieur d’art et de décoration de Charles L’Eplattenier. Acquis par le Musée des beaux-arts et restaurés, ils sont à présent accessibles au public.

En 2023, la commission de toponymie a proposé au Conseil communal deux nouveaux toponymes féminins en lien avec l’Art nouveau et le Style sapin. Ainsi, la sculptrice Jeanne Perrochet donne son nom à une rue au sud de la Villa Fallet et Henriette Grandjean, céramiste, au jardin situé devant la maison où elle vécut de nombreuses années. Ces deux femmes à la carrière reconnue témoignent de la vivacité créatrice qui était celle de La Chaux-de-Fonds au début du XXe siècle. 

La journée du 9 juin est ainsi placée sous le thème de l’Art nouveau et du Style sapin. Chacune et chacun est invité·e à participer à cette triple inauguration et à rejoindre la Villa Fallet lors de ses portes ouvertes. La lumière y sera aussi à l’honneur à travers un atelier de cyanotype tout public proposé par le Musée d’histoire. 

Sylvie Pipoz
Déléguée à la valorisation du patrimoine.

Photo : Musée des beaux-arts

INFORMATIONS

Inauguration dès 09h30 à la chapelle du cimetière

Portes ouvertes de la Villa Fallet de 10h à 17h

Atelier cyanotype à la Ville Fallet de 14h à 17h gratuit, sans inscription

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Culture Patrimoine

La ville racontée à travers ses œuvres d’art

la ville racontée à travers ses œuvres d'art

Une sculpture en mémoire de l’incendie de 1794

Le 31 octobre 1997, la Ville inaugure cinq sculptures installées sur les entrées piétonnes de la Place de la Carmagnole, réaménagée en 1996. Ces œuvres sont commandées par la Ville à des artistes vivant dans la région.

Parmi ces sculptures monumentales se trouve «Et la rue et l’histoire» de Denis Schneider. Pour la voir, il faut lever la tête en sortant de la place entre les numéros 9 et 11 de la rue Neuve. Une maison se balance en haut d’un mat représentant une flamme. Elle évoque l’incendie qui détruisit le village dans la nuit du 4 au 5 mai 1794. Placée juste derrière un immeuble qui a échappé au drame, l’œuvre rappelle cet événement fondateur de l’histoire et de l’identité locale.
Né en 1945, Denis Schneider vit et travaille à Cernier. Il a reçu le prix Bachelin en 2002 et plusieurs de ses sculptures monumentales sont visibles dans les cantons de Neuchâtel, Vaud et Jura.

Quatre autres sculptures monumentales sont installées sur les autres «portes» de la Place de la Carmagnole. «Objet trait lux», de François Jacques marque le Passage du Centre et «Sculpture bleue», d’Aloïs Dubach, le Passage Léopold-Robert. L’œuvre de Jean-Luc Bieler, «Échafaudage», placée à l’entrée du même passage est enlevée en 2017 afin de faciliter le déneigement. «Le champ de la Carmagnole» d’Anton Marty se trouve depuis 2021 sur la Place des Brigades-Internationales.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine
Photos : Sophie Amey

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Patrimoine Politique

UNE RUCHE ET DES ABEILLES

UNE RUCHE ET DES ABEILLES

Avec sa ruche, ses abeilles, ses étoiles et son damier, les armoiries de La Chaux-de-Fonds racontent une histoire. Si le village devient autonome en 1656, lors de la création de la mairie, il faut attendre le début du XIXe siècle pour voir apparaitre les premières armoiries. Adoptées en 1824 par le Conseil communal d’un village encore sous domination prussienne, les premières armoiries présentent une étoile dorée et onze carrés blancs, le tout surmonté d’une couronne. Les archives précisent que les rectangles représentent les onze quartiers de la Commune créée en 1656 à savoir : le Grand et le Petit Quartier (le cœur du village), la Sombaille, les Bulles, le Valanvron, la Joux-Perret, le Bas Monsieur, les Petites et les Grandes Crosettes, Boinod et les Reprises.

Suite à la Révolution neuchâteloise du 1er mars 1848, le Conseil général adopte de nouvelles armoiries. Le rapport soumis au Conseil Municipal le 23 décembre 1851 donne des informations précises sur les choix. « Le Conseil Municipal (…) a fait placer une ruche d’abeilles pour rappeler notre industrie, il l’a voulue d’or pour indiquer sa prospérité ». Aucune précision n’est alors donnée quant au nombre d’abeilles. Plus loin, le rapport mentionne que « la ruche est surmontée d’un ciel bleu où brillent trois étoiles d’or qui représentent les éléments de la Municipalité, les Neuchâtelois, les Suisses et les Étrangers à la Suisse »1. Les rectangles représentant les quartiers du village restent.

En 1888, lors de la création d’un nouveau règlement communal, un arrêté du Conseil général précise les armoiries et y ajoute la croix fédérale en son sommet. L’habitude semble prise de placer quatre abeilles à gauche et trois à droite. L’arrêté mentionne également que « les couleurs de la commune (…) sont (…) le bleu, le blanc et le jaune, correspondant à l’azur, l’argent et l’or »2 Ces trois couleurs sont depuis lors celles du drapeau. La croix, toujours mentionnée dans le Règlement général de la Commune de La Chaux-de-Fonds, n’apparaît plus sur les armoiries depuis 1975.

Plusieurs des éléments présents sur les armoiries, tels les étoiles, la ruche ou le damier, pourraient avoir une connotation maçonnique. Au milieu au XIXe siècle, la franc-maçonnerie est bien implantée à La Chaux-de-Fonds qui possède une loge depuis 1845. Plusieurs francs-maçons faisaient alors partie du Conseil municipal et il se peut, même si aucune archive ne le confirme, qu’ils aient eu une influence sur le choix des éléments composant les armoires adoptées en 1851.

¹Archives communales, D9a

²Règlement général de la Commune de La Chaux-de-Fonds

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine © Ville de La Chaux-de-Fonds² 

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Culture Patrimoine Politique

HÔTE D’HONNEUR DE LA MARCHE DU 1ER MARS

HÔTE D'HONNEUR DE LA MARCHE DU 1ER MARS

La Ville de La Chaux-de-Fonds était l’invitée d’honneur de la Marche du 1er mars 2024. Cet événement a ainsi été l’occasion de mettre en évidence les liens forts entre notre Commune et la Révolution républicaine. Terre connue pour ses idées progressistes, la Métropole horlogère a en effet vu se dérouler plusieurs faits déterminants de la naissance de la République et Canton de Neuchâtel.

En 1848, la place de l’Hôtel-de-Ville a notamment été l’un des centres névralgiques des événements. Galvanisés par les nouvelles venues de France voisine, les meneurs républicains se sont mobilisés sur cette place pour organiser le renversement du gouvernement, appuyés par un nombre important de sympathisants neuchâtelois et venus des régions voisines.

On peut toujours y observer l’aigle de Prusse écrasé par les révolutionnaires sur le bien-nommé « Monument de la République » situé au cœur de la place. C’est par ailleurs dans l’actuelle salle du Conseil général située dans le bâtiment de l’Hôtel-de-Ville que s’est constitué le gouvernement provisoire de la République neuchâteloise le 1er mars 1848.

Ce 1er mars 2024, c’est dans une ambiance plus sereine, mais animée par le même état d’esprit républicain que plusieurs centaines de marcheurs et marcheuses ont pris le départ en milieu de matinée pour rejoindre le Château de Neuchâtel. La commémoration de la Révolution, organisée depuis plus de 30 ans sous forme d’une marche depuis plusieurs endroits dans le canton avec comme point d’arrivée commun le Château de Neuchâtel, est avant tout l’occasion de mettre en avant l’unité et la cohésion cantonale dans un état d’esprit convivial.

Placée sous le signe de la solidarité, cette édition était l’occasion pour la Ville de La Chaux-de-Fonds de rappeler les multiples initiatives solidaires qui ont été exprimées dans le cadre de la tempête du 24 juillet dernier.

La date de la révolution neuchâteloise concordant avec les premiers signes du printemps : les marcheurs et marcheuses ont reçu à leur arrivée à Neuchâtel, en clin d’œil aux abeilles chaux-de-fonnières, des sachets de graines mellifères pour qu’ils et elles puissent semer, aux quatre coins du Canton, comme symboles de résilience et de renouveau, les fleurs de la République !

Que vive La Chaux-de-Fonds ! Et que vive la République!

Floriane Mamie, chancelière
Photo: Quentin Perrenoud

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Patrimoine

LA RÉPUBLIQUE, SABRE AU CLAIR !

LA RÉPUBLIQUE, SABRE AU CLAIR !

Photo : Sabre d'honneur offert au Commandant Girard par le Grand conseil, 1856. © Musée d'histoire de La Chaux-de-Fonds, 2024

Voter peut paraître, ici et maintenant, comme un acquis, voire comme un devoir parfois fastidieux. Pourtant, le suffrage universel masculin (les femmes durent attendre 1959 pour avoir le droit de voter sur le plan cantonal et 1971 sur le plan fédéral) n’a été obtenu qu’avec la Révolution républicaine de 1848. Avant cela, Neuchâtel était une possession prussienne, depuis 1707, où le pouvoir était exercé par une aristocratie locale, sous l’autorité du prince.

La très riche collection d’armes du Musée d’histoire de La Chaux-de-Fonds permet de parcourir l’évolution des pouvoirs dans la région. Les sabres sont à ce titre des sources de première main et de premier choix. Le Sabre des grenadiers de la Bourgeoisie de Neuchâtel, du 18e siècle et visible au Musée, est décoré de différents motifs. La garde en médaillon représente un aigle prussien portant les armoiries de Neuchâtel. Cet élément réunit ainsi les symboles des pouvoirs lointains et proches qui gouvernent aux destinées de la région.

L’établissement de la République en 1848 est contesté par les royalistes, qui tentent, sans succès, de reprendre le pouvoir en 1856. Après cet épisode, les autorités républicaines remercient ceux qui les avaient défendus les armes à la main. En particulier le major fédéral Ami Girard, qui avait pris la tête de la troupe des Montagnes, avant de diriger l’assaut du château au matin du 4 septembre, mettant fin à la tentative contre-révolutionnaire.

Le sabre d’honneur offert au commandant Girard, aussi visible au Musée, témoigne de la solidité des autorités républicaines, mais également d’un changement du cadre institutionnel, de Berlin vers la Confédération. Ce glissement est marqué par les nombreux symboles helvétiques qui décorent l’arme, en particulier une représentation du célèbre geste de Winkelried empoignant une série de lances lors de la bataille de Sempach (1386), ainsi qu’une Helvetia ou encore les drapeaux des cantons suisses.

La République et la démocratie, qui apparaissent à nos yeux comme des évolutions naturelles de l’histoire, sont en réalité, dès l’origine, le résultat de rapports de force et de luttes. Les sabres ont aujourd’hui été rangés dans leurs fourreaux ou même dans des vitrines de musée. Mais ils ne cessent de nous rappeler l’histoire mouvementée de nos droits.

Francesco Garufo, Conservateur du Musée d’histoire de La Chaux-de-Fonds