« Bronze et béton trônent désormais au seuil de la ville ». C’est avec ce titre que L’Impartial du 2 juillet 1963 présente la nouvelle œuvre d’art installée à la rue du Locle 44, devant deux tours d’habitation.
À la fin des années 1950, la crise du logement est importante. Les autorités soutiennent de nombreux projets immobiliers dans le quartier des Forges, qui se développe alors à une vitesse fulgurante. Ces immeubles modernes, bénéficiant d’un maximum de confort, sont très prisés de la population qui cherche à quitter un centre-ville de plus en plus vétuste.
Intitulée Totem, cette sculpture monumentale est réalisée à l’initiative des architectes du projet immobilier. Elle est l’œuvre de deux artistes très actifs dans la région au milieu du XXe siècle : Claude Loewer, connu pour ses tapisseries et compositions décoratives, et Robert Jacot-Guillarmod, auteur de nombreuses sculptures intégrées à l’architecture et à l’espace public. Le premier réalise le projet et la maquette, le second travaille le métal pour faire naître formes et mouvements.
Cette sculpture, aujourd’hui un peu cachée par le feuillage des arbres devenus grands, mesure 9,5 mètres et pèse près de 350 kilos. Elle est accrochée à une paroi de béton de plus de 13 mètres. Sa monumentalité répond à celle du bâtiment qui se trouve à l’arrière. Toujours dans L’Impartial, le journaliste précise que cette œuvre ne cherche pas à représenter un élément concret, mais à suggérer le mouvement par un mélange « de masses et d’élans dans un équilibre rigoureux ».
Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine