Le Tourbillon – Journal officiel mensuel de la Ville de La Chaux-de-Fonds

Journal officiel mensuel
de la Ville de La Chaux-de-Fonds

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Culture Patrimoine

La ville racontée à travers ses œuvres d’art

la ville racontée à travers ses œuvres d'art

Une sculpture en mémoire de l’incendie de 1794

Le 31 octobre 1997, la Ville inaugure cinq sculptures installées sur les entrées piétonnes de la Place de la Carmagnole, réaménagée en 1996. Ces œuvres sont commandées par la Ville à des artistes vivant dans la région.

Parmi ces sculptures monumentales se trouve «Et la rue et l’histoire» de Denis Schneider. Pour la voir, il faut lever la tête en sortant de la place entre les numéros 9 et 11 de la rue Neuve. Une maison se balance en haut d’un mat représentant une flamme. Elle évoque l’incendie qui détruisit le village dans la nuit du 4 au 5 mai 1794. Placée juste derrière un immeuble qui a échappé au drame, l’œuvre rappelle cet événement fondateur de l’histoire et de l’identité locale.
Né en 1945, Denis Schneider vit et travaille à Cernier. Il a reçu le prix Bachelin en 2002 et plusieurs de ses sculptures monumentales sont visibles dans les cantons de Neuchâtel, Vaud et Jura.

Quatre autres sculptures monumentales sont installées sur les autres «portes» de la Place de la Carmagnole. «Objet trait lux», de François Jacques marque le Passage du Centre et «Sculpture bleue», d’Aloïs Dubach, le Passage Léopold-Robert. L’œuvre de Jean-Luc Bieler, «Échafaudage», placée à l’entrée du même passage est enlevée en 2017 afin de faciliter le déneigement. «Le champ de la Carmagnole» d’Anton Marty se trouve depuis 2021 sur la Place des Brigades-Internationales.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine
Photos : Sophie Amey

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Patrimoine Politique

UNE RUCHE ET DES ABEILLES

UNE RUCHE ET DES ABEILLES

Avec sa ruche, ses abeilles, ses étoiles et son damier, les armoiries de La Chaux-de-Fonds racontent une histoire. Si le village devient autonome en 1656, lors de la création de la mairie, il faut attendre le début du XIXe siècle pour voir apparaitre les premières armoiries. Adoptées en 1824 par le Conseil communal d’un village encore sous domination prussienne, les premières armoiries présentent une étoile dorée et onze carrés blancs, le tout surmonté d’une couronne. Les archives précisent que les rectangles représentent les onze quartiers de la Commune créée en 1656 à savoir : le Grand et le Petit Quartier (le cœur du village), la Sombaille, les Bulles, le Valanvron, la Joux-Perret, le Bas Monsieur, les Petites et les Grandes Crosettes, Boinod et les Reprises.

Suite à la Révolution neuchâteloise du 1er mars 1848, le Conseil général adopte de nouvelles armoiries. Le rapport soumis au Conseil Municipal le 23 décembre 1851 donne des informations précises sur les choix. « Le Conseil Municipal (…) a fait placer une ruche d’abeilles pour rappeler notre industrie, il l’a voulue d’or pour indiquer sa prospérité ». Aucune précision n’est alors donnée quant au nombre d’abeilles. Plus loin, le rapport mentionne que « la ruche est surmontée d’un ciel bleu où brillent trois étoiles d’or qui représentent les éléments de la Municipalité, les Neuchâtelois, les Suisses et les Étrangers à la Suisse »1. Les rectangles représentant les quartiers du village restent.

En 1888, lors de la création d’un nouveau règlement communal, un arrêté du Conseil général précise les armoiries et y ajoute la croix fédérale en son sommet. L’habitude semble prise de placer quatre abeilles à gauche et trois à droite. L’arrêté mentionne également que « les couleurs de la commune (…) sont (…) le bleu, le blanc et le jaune, correspondant à l’azur, l’argent et l’or »2 Ces trois couleurs sont depuis lors celles du drapeau. La croix, toujours mentionnée dans le Règlement général de la Commune de La Chaux-de-Fonds, n’apparaît plus sur les armoiries depuis 1975.

Plusieurs des éléments présents sur les armoiries, tels les étoiles, la ruche ou le damier, pourraient avoir une connotation maçonnique. Au milieu au XIXe siècle, la franc-maçonnerie est bien implantée à La Chaux-de-Fonds qui possède une loge depuis 1845. Plusieurs francs-maçons faisaient alors partie du Conseil municipal et il se peut, même si aucune archive ne le confirme, qu’ils aient eu une influence sur le choix des éléments composant les armoires adoptées en 1851.

¹Archives communales, D9a

²Règlement général de la Commune de La Chaux-de-Fonds

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine © Ville de La Chaux-de-Fonds² 

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Culture Patrimoine Politique

HÔTE D’HONNEUR DE LA MARCHE DU 1ER MARS

HÔTE D'HONNEUR DE LA MARCHE DU 1ER MARS

La Ville de La Chaux-de-Fonds était l’invitée d’honneur de la Marche du 1er mars 2024. Cet événement a ainsi été l’occasion de mettre en évidence les liens forts entre notre Commune et la Révolution républicaine. Terre connue pour ses idées progressistes, la Métropole horlogère a en effet vu se dérouler plusieurs faits déterminants de la naissance de la République et Canton de Neuchâtel.

En 1848, la place de l’Hôtel-de-Ville a notamment été l’un des centres névralgiques des événements. Galvanisés par les nouvelles venues de France voisine, les meneurs républicains se sont mobilisés sur cette place pour organiser le renversement du gouvernement, appuyés par un nombre important de sympathisants neuchâtelois et venus des régions voisines.

On peut toujours y observer l’aigle de Prusse écrasé par les révolutionnaires sur le bien-nommé « Monument de la République » situé au cœur de la place. C’est par ailleurs dans l’actuelle salle du Conseil général située dans le bâtiment de l’Hôtel-de-Ville que s’est constitué le gouvernement provisoire de la République neuchâteloise le 1er mars 1848.

Ce 1er mars 2024, c’est dans une ambiance plus sereine, mais animée par le même état d’esprit républicain que plusieurs centaines de marcheurs et marcheuses ont pris le départ en milieu de matinée pour rejoindre le Château de Neuchâtel. La commémoration de la Révolution, organisée depuis plus de 30 ans sous forme d’une marche depuis plusieurs endroits dans le canton avec comme point d’arrivée commun le Château de Neuchâtel, est avant tout l’occasion de mettre en avant l’unité et la cohésion cantonale dans un état d’esprit convivial.

Placée sous le signe de la solidarité, cette édition était l’occasion pour la Ville de La Chaux-de-Fonds de rappeler les multiples initiatives solidaires qui ont été exprimées dans le cadre de la tempête du 24 juillet dernier.

La date de la révolution neuchâteloise concordant avec les premiers signes du printemps : les marcheurs et marcheuses ont reçu à leur arrivée à Neuchâtel, en clin d’œil aux abeilles chaux-de-fonnières, des sachets de graines mellifères pour qu’ils et elles puissent semer, aux quatre coins du Canton, comme symboles de résilience et de renouveau, les fleurs de la République !

Que vive La Chaux-de-Fonds ! Et que vive la République!

Floriane Mamie, chancelière
Photo: Quentin Perrenoud

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Patrimoine

LA RÉPUBLIQUE, SABRE AU CLAIR !

LA RÉPUBLIQUE, SABRE AU CLAIR !

Photo : Sabre d'honneur offert au Commandant Girard par le Grand conseil, 1856. © Musée d'histoire de La Chaux-de-Fonds, 2024

Voter peut paraître, ici et maintenant, comme un acquis, voire comme un devoir parfois fastidieux. Pourtant, le suffrage universel masculin (les femmes durent attendre 1959 pour avoir le droit de voter sur le plan cantonal et 1971 sur le plan fédéral) n’a été obtenu qu’avec la Révolution républicaine de 1848. Avant cela, Neuchâtel était une possession prussienne, depuis 1707, où le pouvoir était exercé par une aristocratie locale, sous l’autorité du prince.

La très riche collection d’armes du Musée d’histoire de La Chaux-de-Fonds permet de parcourir l’évolution des pouvoirs dans la région. Les sabres sont à ce titre des sources de première main et de premier choix. Le Sabre des grenadiers de la Bourgeoisie de Neuchâtel, du 18e siècle et visible au Musée, est décoré de différents motifs. La garde en médaillon représente un aigle prussien portant les armoiries de Neuchâtel. Cet élément réunit ainsi les symboles des pouvoirs lointains et proches qui gouvernent aux destinées de la région.

L’établissement de la République en 1848 est contesté par les royalistes, qui tentent, sans succès, de reprendre le pouvoir en 1856. Après cet épisode, les autorités républicaines remercient ceux qui les avaient défendus les armes à la main. En particulier le major fédéral Ami Girard, qui avait pris la tête de la troupe des Montagnes, avant de diriger l’assaut du château au matin du 4 septembre, mettant fin à la tentative contre-révolutionnaire.

Le sabre d’honneur offert au commandant Girard, aussi visible au Musée, témoigne de la solidité des autorités républicaines, mais également d’un changement du cadre institutionnel, de Berlin vers la Confédération. Ce glissement est marqué par les nombreux symboles helvétiques qui décorent l’arme, en particulier une représentation du célèbre geste de Winkelried empoignant une série de lances lors de la bataille de Sempach (1386), ainsi qu’une Helvetia ou encore les drapeaux des cantons suisses.

La République et la démocratie, qui apparaissent à nos yeux comme des évolutions naturelles de l’histoire, sont en réalité, dès l’origine, le résultat de rapports de force et de luttes. Les sabres ont aujourd’hui été rangés dans leurs fourreaux ou même dans des vitrines de musée. Mais ils ne cessent de nous rappeler l’histoire mouvementée de nos droits.

Francesco Garufo, Conservateur du Musée d’histoire de La Chaux-de-Fonds