Le Tourbillon – Journal officiel mensuel de la Ville de La Chaux-de-Fonds

Journal officiel mensuel
de la Ville de La Chaux-de-Fonds

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La ville racontée à travers ses rues

« Partir en Promenade »

Partir en promenade

La rue de la Promenade, qui relie actuellement la rue du Grenier à la rue du Manège, est très ancienne. Elle présente le premier plan d’urbanisme d’un quartier de la ville, quelques années avant le plan Junod. 

En 1830, Henri-Louis Jacot, propriétaire de la maison au numéro 1 de la rue de la Promenade et des terrains alentours, établit un règlement pour un plan de quartier. Largeur et hauteur des immeubles, type de pierre à utiliser, arbres et trottoirs sont précisément indiqués dans le règlement. À l’arrière, des jardins agrémentés de fontaines ainsi que des lessiveries (qui donnent leur nom au Passage des Petites-Lessiveries) apportent du confort. Les acheteurs des terrains s’engagent à construire leurs immeubles en respectant le règlement et à œuvrer à l’embellissement du quartier. 

La rue se situe alors en hauteur et est arborisée. Un escalier placé à gauche de l’immeuble Promenade 2 permet l’accès depuis la rue du Grenier. Cette rue surélevée, en dehors de l’agitation du village, est alors un lieu de rendez-vous et de détente. 

Au début du XXe siècle, l’augmentation de la population et de la circulation entraîne d’importantes transformations sur la rue de la Promenade. Une tranchée est creusée en 1939 et d’imposants murs de soutènement sont construits. La rue est alors goudronnée et devient une artère importante de la ville. Peut-être retrouvera-t-elle un jour son caractère d’origine. 

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine 
Photo : Sophie Amey

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La ville racontée à travers ses rues

La littérature au coin de la rue

La littérature au coin de la rue

Le quartier des Alérac, avec les rues du Cavalier-de-Paille et de l’Arrosoir-Rouge ainsi qu’une rue éponyme dans le quartier des Arêtes, mettent en lumière Monique Saint-Hélier. De son vrai nom Berthe Eimann, elle mène une carrière d’écrivaine et d’artiste peintre.

Née à La Chaux-de-Fonds en 1895, elle quitte la ville à 20 ans pour s’installer à Berne puis à Paris avec son mari. De santé fragile, partiellement paralysée, elle passe la plus grande partie de sa vie alitée et entretient des amitiés et des correspondances avec des écrivains et artistes de son temps. Elle meurt en 1955 des suites d’une crise cardiaque. 

À partir de 1927, elle publie plusieurs textes sous le pseudonyme Monique Saint-Hélier. Son œuvre majeure, le Cycle des Alérac, met en scène sa ville natale, sans pour autant la nommer. Composé de Bois-Mort, Le Cavalier de Paille, Le Martin-Pêcheur et L’Arrosoir rouge, romans publiés avant et après la Deuxième Guerre mondiale, le Cycle des Alérac évoque les atmosphères de La Chaux-de-Fonds dans la première moitié du XXe siècle. Monique Saint-Hélier s’attache particulièrement à évoquer le vécu et les souvenirs, souhaitant faire sentir à travers son écriture qu’elle est une enfant de la région.

Sa carrière d’artiste peintre reste davantage privée. Elle peint depuis son lit, principalement des bouquets de fleurs. Plusieurs toiles sont conservées au Musée des beaux-arts.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine
Photos : Malé Montini

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : Rue de Jérusalem

La ville racontée à travers ses rues : Rue de Jérusalem

A partir des années 1830, La Chaux-de-Fonds voit naître et grandir une communauté juive venue principalement d’Alsace. Vivant un important développement au fil du 19e siècle, la communauté va se doter de deux lieux de culte dans des appartements privés, puis, en 1863, d’une première synagogue à la rue de la Serre 35 (aujourd’hui détruite). En 1896, la communauté, qui avoisine les 1’000 membres, inaugure la synagogue que nous connaissons aujourd’hui, au centre-ville.

Entre 1818 et 1848, l’installation des juifs sur le territoire neuchâtelois est fortement réglementée par le Conseil d’État. L’interdiction perdure à La Chaux-de-Fonds jusqu’en 1857, avec quelques exceptions. Tel fut le cas en 1849 lorsque le Grand Conseil neuchâtelois autorise un israélite, Moïse Woog, à acheter une maison au nord du village. Située alors à la rue de la Sombaille, cette maison, puis la rue où elle y est bâtie, sont rapidement appelées « Jérusalem » par les villageoises et les villageois. Cette expression a finalement donné sur son officiel à la rue.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine.
Photos : Nolan Crelier

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : Célestin Nicolet

La ville racontée à travers ses rues : célestin nicolet

Retracer le parcours de Célestin Nicolet, c’est se pencher sur le destin “d’un savant modeste, d’un homme amoureux de son coin de terre et défenseur des intérêts de son pays”. C’est avec ces mots que l’historien Charles Thomann qualifie cet homme resté discret.

Né en 1803, Célestin Nicolet fait des études de pharmacie. Il ouvre une officine sur la Place de l’Hôtel-de-Ville en 1832. Active pendant une trentaine d’années, sa boutique devient le centre scientifique, intellectuel et politique du village.

Célestin Nicolet s’intéresse en effet à l’ensemble des sciences naturelles, de la botanique à la chimie, en passant par la zoologie et la détermination de l’heure. Il dessine des cartes géologiques de la région et réfléchit à la problématique de l’approvisionnement en eau potable du village. En 1843, il fonde la section “Montagnes” de la Société neuchâteloise des sciences naturelles.

Mais Célestin Nicolet est aussi passionné d’art et d’histoire. Autour de 1840, il participe à la création de la bibliothèque et du premier musée de la ville. En 1862, il propose de nommer la Grand-Rue du nom d’un artiste local récemment disparu à Venise : Léopold-Robert. Et Célestin Nicolet est aussi un républicain convaincu, élu au Grand Conseil suite à la Révolution de 1848.

La petite rue qui porte son nom, à l’est de la rue des Sorbiers, témoigne de la modestie de cet homme mort en 1871, qui fut un animateur infatigable de la vie scientifique régionale.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine.
Photos : Nolan Crelier

 

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : Avenue Léopold-Robert (le pod)

La ville racontée à travers ses rues : l'Avenue Léopold-Robert (le pod)

L'Avenue Léopold-Robert
Avenue Léopold-Robert (le pod)

Rue principale de la ville, l’Avenue Léopold-Robert est familièrement appelée le pod. Mais que l’on ne s’y trompe pas, le terme pod n’est pas l’abréviation de Léopold. C’est un diminutif qui évoque le Podium, c’est-à-dire l’artère centrale sur laquelle il était de bon ton, au début du 20e siècle, de se montrer, de déambuler, voire de faire du lèche-vitrine.

L’Avenue Léopold-Robert, appelée “Grand Rue” jusqu’en 1862, était bordée de jardins sur son côté nord. Ils ont été supprimés lors de la construction de la Grande Fontaine et du réaménagement de la rue en 1888.

Né quelques jours après l’incendie de mai 1794, dans une ferme à l’extrême ouest de La Chaux-de-Fonds, Léopold Robert fait une brillante carrière de graveur et de peintre. Il vit et expose à Paris, Rome et Venise. Spécialiste des scènes de genre, il met en valeur les petites gens et les brigands qu’il rencontre en Italie. En proie aux difficultés de la création, tourmenté par une déception amoureuse et atteint d’une profonde mélancolie, il se donne la mort à Venise en mars 1835.

S’il est un peintre un peu oublié, il n’en demeure pas moins une figure importante qui fit rayonner La Chaux-de-Fonds et la principauté de Neuchâtel loin à la ronde.

La statue située en face de la Grande Fontaine a, quant à elle, été réalisée en 1935 par le sculpteur Léon Perrin lors des festivités marquant le centenaire de la mort de Léopold Robert. 

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine.
Photo : Aline Henchoz

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : Creux-du-Pacot

La ville racontée à travers ses rues : Creux-du-Pacot

Arriver à La Chaux-de-Fonds par la rue de l’Hôtel-de-Ville, c’est un peu remonter le temps.

Cette rue n’était, jusqu’au début du 19e siècle, qu’une combe humide, sinueuse et inhospitalière. Cette humidité trouve son origine au Creux-du-Pacot. Petite place aujourd’hui calme et accueillante, un peu en retrait à l’est de l’Hôtel-de-Ville, le Creux-du-Pacot était un marais boueux, alimenté par une source souterraine qui jaillissait à cet endroit. Le mot pacot désigne, selon le dictionnaire du parler neuchâtelois et suisse romand, de la boue épaisse. Le centre de l’ancien village, situé au croisement de quatre axes de communication, était difficile d’accès en arrivant de Neuchâtel. Des tentatives de canaliser le Creux-du-Pacot et d’assécher le marais ont eu lieu avant et après l’incendie de 1794. Il faut attendre 1806 et l’intervention du prince-gouverneur Berthier pour voir le Creux-du-Pacot définitivement asséché et la Combe devenir une véritable route praticable.

Dès lors, le quartier autour du Creux-du-Pacot et de la future rue de l’Hôtel-de-Ville se développe pour accueillir une dynamique vie villageoise autour d’un nombre important d’échoppes et de cafés. Cette partie nord-est de La Chaux-de-Fonds ne sera pas impactée par le plan en damier conçu par Charles-Henri Junod en 1835. Les rues y restent étroites et sinueuses, donnant à ce quartier un charme tout particulier. Le Creux-du-Pacot accueille encore deux cafés emblématiques du vieux village : Les Faucheurs et le Télégraphe. 

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine.
Photos : Nolan Crelier

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : Fritz Courvoisier

La ville racontée à travers ses rues : Fritz Courvoisier

Un jour de congé grâce à Fritz ? Le 1er mars 1848, une colonne révolutionnaire d’environ 800 personnes favorables à l’instauration d’une république se met en marche depuis La Chaux-de-Fonds en direction de Neuchâtel. À sa tête, Fritz Courvoisier.

Horloger né en 1799, Fritz Courvoisier découvre les idées libérales et républicaines lors de ses voyages en Europe. Il participe aux insurrections de septembre 1831 contre le pouvoir prussien et est condamné à deux ans de bannissement. De retour à La Chaux-de-Fonds en 1839, il y crée sa propre entreprise horlogère mais continue de militer pour l’émancipation du canton et l’instauration de la république.

Le 29 février 1848, il est nommé commandant de la troupe qui, le lendemain, marche sur le Château de Neuchâtel pour renverser le gouvernement royaliste et instaurer la république. Le gouvernement provisoire mis en place est alors présidé par Alexis-Marie Piaget. Deux jours plus tard, la Confédération reconnaît le nouveau gouvernement et la République et Canton de Neuchâtel est proclamée.

Après cet épisode révolutionnaire, Fritz Courvoisier reprend la direction de sa fabrique d’horlogerie et œuvre en tant que député radical au Conseil national et au Grand Conseil. En 1852, il devient lieutenant-colonel de l’état-major de l’armée fédérale. Il meurt prématurément à 55 ans d’une attaque d’apoplexie (ancien terme désignant une hémorragie cérébrale).

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine.
Photos : Aurore Sande

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : Lazaret

La ville racontée à travers ses rues : la rue Lazaret

Un Lazaret à La Chaux-de-Fonds ? Située à l’est de la ville, la rue du Lazaret fait référence à un établissement de mise en quarantaine ou pavillon pour les contagieux installé en 1895 dans un bâtiment qui abrite aujourd’hui une crèche (rue de la Prévoyance 76).

La nécessité d’isoler les malades contagieux, surtout lors des épidémies, pousse les autorités à construire un lazaret à l’écart du village. En 1880, le bâtiment, situé alors à la rue Alexis-Marie-Piaget 35, au lieu-dit de la Citadelle, et encore en construction, accueille les 150 victimes d’une épidémie de variole. Il est terminé en 1881, après la fin de la contagion. Les locaux sont alors désinfectés et restent vides pendant dix ans. Le bâtiment est transformé en école en 1891 et devient le collège de la Citadelle.

Entre 1850 et 1890, la population de la ville double. L’hôpital situé à la rue Numa-Droz (voir article précédent sur la boucle de Cydalise) devient trop petit et trop proche des habitations et bâtiments publics. La direction de l’Hôpital achète des terrains à l’est de la ville et fait construire un nouvel hôpital, inauguré en 1898.

Le lazaret, quant à lui, est construit déjà en 1895. Ce pavillon d’isolement pour les maladies contagieuses est alors une nécessité demandée par la loi fédérale sur les épidémies. Il est réalisé grâce à l’appui financier de la Confédération et de l’État. Il est progressivement abandonné et transformé en crèche à la fin des années 1970.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine

Photos : Nolan Crelier

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : Abraham-Robert

La ville racontée à travers ses rues : la rue Abraham Robert

Qui était Abraham Robert ? Il fut le premier maire de La Chaux-de-Fonds. C’était en 1656.

Les villages du Locle et de La Sagne avaient déjà obtenu leur autonomie et la communauté paysanne de La Chaux-de-Fonds réclamait la sienne. D’abord dépendant de Valangin, puis rattaché pendant 40 ans à la juridiction du Locle, le village fut érigé en mairie par Henri II d’Orléans-Longueville. Neuchâtel était alors une principauté gouvernée par cette famille française.

L’acte de fondation de la nouvelle mairie est signé à Rouen le 2 décembre 1656 et Abraham Robert fut nommé maire six jours plus tard. Les archives conservent précieusement cet acte de naissance du village. Le 12 janvier 1657, Abraham Robert prête serment devant 

le gouverneur de l’État de Neuchâtel, Jacques de Stavay-Mollondin, dont une rue du quartier de l’hôpital porte également le nom.

Dès lors, La Chaux-de-Fonds existe en tant qu’entité administrative et plus uniquement comme une communauté. Elle a son administration, son lieutenant de police, ses juges et son conseil de communauté. Le hameau compte alors 1000 âmes, réparties dans les onze quartiers que l’on retrouve dans les carreaux en bas des armoiries. Le plus peuplé était alors le Grand Quartier, autour de l’actuelle place de l’Hôtel-de-Ville, avec une vingtaine de maisons, l’église et le corps de garde.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine

Photos : Aline Henchoz

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : Passage des Lundis Bleus

La ville racontée à travers ses rues : le passage des Lundis-Bleus

Niché entre l’avenue des Forges et la rue du Locle, le passage des Lundis-Bleus prolonge l’esplanade du Cadran. Mais pourquoi cet adjectif coloré vient-il s’accoler au premier jour de la semaine ?
La réponse se trouve dans l’histoire horlogère de La Chaux-de-Fonds. Une multitude de professions interviennent durant le processus de fabrication des montres. L’horloger seul n’est rien. Il a besoin des corps de métiers qui produisent les nombreuses pièces qu’il devra ensuite assembler pour donner vie à la montre. Les fabricants de boîtes tenaient une place de choix puisqu’ils fabriquaient le support dans lequel viendrait se loger le mécanisme. Ils étaient parfois appelés les Barons, car, du fait de leur nécessité, ils se permettaient certaines libertés.

Durant le 19 e siècle, aucune loi ne règlemente la durée du travail. De nombreux ouvriers liés à l’horlogerie travaillent jusqu’au samedi après-midi. En contrepartie, beaucoup d’entre eux, principalement les fabricants de boîtes de montre, récupéraient ce temps en faisant la fête le dimanche soir. Ils prenaient alors un “ lundi bleu ” en ne venant pas au travail le premier jour de la semaine. Cette pratique a disparu à partir de 1878 avec la mise en place de la loi fédérale sur le travail en fabrique. Votée de justesse en 1877, cette loi fixait la journée de travail à 11 heures. L’expression, elle, est restée.


Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine.
Photos : Aline Henchoz