Le Tourbillon – Journal officiel mensuel de la Ville de La Chaux-de-Fonds

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses œuvres d’art : Louis Chevrolet

la ville racontée à travers ses œuvres d'art: Louis Chevrolet

Impossible de la rater. L’œuvre en hommage à Louis Chevrolet, réalisée par Christian Gonzenbach en 2013 et offerte à la Ville par la célèbre marque automobile pour commémorer son centenaire, frappe par sa monumentalité. 

Louis Chevrolet est né à La Chaux-de-Fonds le 25 décembre 1878. Il quitte la ville avec sa famille alors qu’il n’est encore qu’un enfant pour la France puis, à 22 ans, s’installe à New York. Il y fait une brillante carrière de coureur et de constructeur automobile et crée, en 1911, la marque Chevrolet. Il passe le reste de sa vie aux États-Unis où il meurt en 1941.  

Dans son travail artistique, Christian Gonzenbach cherche de nouvelles manières de percevoir la réalité, en jouant avec les matières et les dimensions. Il réinterprète les formes classiques de la sculpture pour leur donner d’autres perspectives.

L’œuvre, choisie par un jury suite à un concours international organisé par la marque Chevrolet en 2011, propose une version contemporaine du buste. Un buste est traditionnellement destiné à montrer les caractéristiques physiques et l’esprit d’une personne. Christian Gonzenbach inverse ici la perception. Les contours du visage, tourné vers l’ouest, sens du développement de la ville, sont retournés comme l’intérieur d’un masque : le nez devient un creux, les orbites des bosses, le front un précipice. Selon les mots de l’artiste, ce mouvement donne au visage de Chevrolet l’aspect d’un paysage. Le visage est à la fois présent et absent. Le parc et la nature se reflètent dans l’œuvre, lui donnant vie.

Posé sur un socle, lui aussi inversé, le buste de Louis Chevrolet dialogue, de par sa taille et sa réverbération, avec le parc et les immeubles alentour. 

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine

Photo : Malé Montini

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La ville racontée à travers ses œuvres d’art : maternité

la ville racontée à travers ses œuvres d'art: maternité

Le sculpteur André Huguenin-Dumittan a laissé une trace importante au cœur de la ville. De nombreuses sculptures et bas-reliefs sont visibles comme L’Étude, deux grands personnages à l’entrée sud de la Bibliothèque de la Ville, La Liseuse, accrochée à la façade de la rue Léopold-Robert 39, où se trouvait une librairie, ou La Baigneuse, au centre d’une fontaine dans le Parc Gallet.

En 1933, suite à l’aménagement du Parc de l’Ouest, ancienne place du marché, en jardin public, il réalise une sculpture monumentale en bronze : Maternité. Cette œuvre est une commande de la Ville. Lors de sa séance du 3 mars 1933, le Conseil général décide, malgré la crise, de prélever la somme de CHF 16’000.— au fonds d’encouragement des Beaux-Arts et à la réserve pour l’embellissement de la ville. Le monument est remis aux autorités le 7 juillet 1934 lors d’une cérémonie officielle. On peut lire dans L’Impartial du 9 juillet 1934 que « lorsque le voile qui cachait le monument tomba, la belle statue apparu dans son émouvante simplicité et fut fort admirée ».

 

André Huguenin-Dumittan travaillait dans un atelier au parc Gallet. C’est donc naturellement que sa Maternité est déplacée à proximité de cet atelier, en 2013, lorsque la Ville reçut de la part de la marque Chevrolet, qui fêtait son centenaire, une œuvre de Christian Gonzenbach représentant le buste de l’illustre constructeur de voitures né à La Chaux-de-Fonds en 1878. 

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine
Photo : Ville de La Chaux-de-Fonds, Maternité, 1933, Parc Gallet

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses œuvres d’art : le monument de la république

la ville racontée à travers ses œuvres d’art : le monument de la république

Lorsque l’on arrive sur la place de l’Hôtel-de-Ville, on tombe nez à nez avec un monument massif. Cette sculpture, réalisée en 1910 par Charles L’Eplattenier, est un hommage à la République neuchâteloise, née de la Révolution du 1er mars 1848.

L’idée d’un monument en l’honneur de la République est née lors des fêtes du cinquantenaire, en 1898. Le projet de Charles L’Eplattenier remporte un concours organisé par la Commission fédérale des beaux-arts. Son projet, remanié en fonction de l’emplacement choisi, présente quatre côtés illustrant chacun un élément de la Révolution neuchâteloise.

Un imposant bloc de bronze sculpté surplombe un socle en béton également décoré. La face nord met en scène un jeune tambour semblant menacé par les pattes de l’aigle au sol. Ce dernier représente la royauté prussienne mise à terre par la révolution. À l’est, on trouve le chef de file de la révolution, Fritz Courvoisier, tenant le drapeau fédéral. Au sud, on reconnaît un républicain en armes, affrontant les affres de l’hiver. À l’ouest une jeune femme s’élance hors de la tourmente révolutionnaire, écrasant l’aigle prussien. Le socle en béton présente dates, drapeaux et hommages à la République, dans un style qui reprend les éléments ornementaux du Style sapin.

Le monument est inauguré en grande pompe le 5 septembre 1910, accompagné par un cortège historique. L’Impartial relate que « Le programme des fêtes s’est déroulé dans un ordre parfait devant des milliers de spectateurs. »

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine
Photo : Sophie Amey

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la ville racontée à travers ses œuvres d’art : homme de Léon Perrin à Léopold-Robert

la ville racontée à travers ses œuvres d’art : hommage de Léon Perrin à Léopold-Robert

Au bout de l’avenue Léopold-Robert, faisant face à la Grande Fontaine, on découvre une statue de femme aux bras levés. Elle semble faire un pas en avant et regarde au loin. Qui est-elle ?

Cette œuvre est réalisée en 1935 par le sculpteur Léon Perrin. Élève de Charles L’Eplattenier, il participe en 1910 au chantier du Crématoire et réalise ensuite une importante carrière individuelle. En 1935, il reçoit une commande de l’Association pour le développement de La Chaux-de-Fonds, mandatée par la Ville, qui souhaite réaliser une œuvre en l’honneur de Léopold-Robert, peintre romantique mort à Venise 100 ans plus tôt.

Au lieu de réaliser une œuvre représentant le peintre, Léon Perrin choisit de mettre en valeur une femme de la campagne romaine, comme on en trouve tant dans l’œuvre peinte de Léopold-Robert. Le profil du peintre, quant à lui, est présent sur le socle de la statue.

L’inauguration de cette sculpture, le 17 novembre 1935, est largement reprise dans la presse locale. Elle clôt trois mois de festivités autour de Léopold-Robert. La statue est officiellement remise aux autorités par le président de l’Association de développement de la ville. Concerts et spectacles historiques à la Maison du Peuple concluent cette inauguration.

Tous les deux ans, lors de la Braderie, cette jeune femme aide à tenir le toit de la tente du stand de la Table Ronde. Elle participe, à sa manière, à la fête.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine
Photo : Malé Montini

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À l’endroit ou à l’envers

À l'endroit ou à l'envers

À La Chaux-de-Fonds, il y a le quartier des Endroits et le quartier des Envers. Comme les deux faces d’une même pièce, ces deux quartiers sont à l’opposé l’un de l’autre. Le terme “envers” signifie “orienté au soleil levant”. Il fait écho au quartier des Endroits, exposé plein sud, qui bénéficie d’un maximum d’ensoleillement, les “endroits” désignant des pentes orientées sud-ouest, c’est-à-dire au soleil couchant.

La rue des Envers n’existe plus. Elle a pris le nom de rue des Musées à la fin des années 1970, au moment de la construction du Musée international d’horlogerie. L’actuelle rue Jean-Paul-Zimmermann, qui relie la Place du Marché à la rue Numa-Droz s’appelait rue des Endroits jusqu’en 1967, année où elle prit le nom d’un écrivain régional et ancien professeur au Gymnase. Le quartier des Endroits s’est alors déplacé plus au nord, pour rejoindre les pentes de Pouillerel. 

Le collège des Endroits, construit entre 1967 et 1969, témoigne du développement démographique qui s’arrêta net avec la crise des années 1970. Le collège des Endroits marque désormais la limite ouest de la ville. À peine plus haut, la route qui mène au Grand Hôtel des Endroits porte le nom de Boulevard des Endroits. Ce nom n’est pas lié à la taille de la route, mais à l’allée d’arbres qui la borde. En effet, un boulevard, en plus d’être une large voie de communication, n’est autre qu’une route bordée d’arbres.

Sa carrière d’artiste peintre reste davantage privée. Elle peint depuis son lit, principalement des bouquets de fleurs. Plusieurs toiles sont conservées au Musée des beaux-arts.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine
Photos : Malé Montini

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« Partir en Promenade »

Partir en promenade

La rue de la Promenade, qui relie actuellement la rue du Grenier à la rue du Manège, est très ancienne. Elle présente le premier plan d’urbanisme d’un quartier de la ville, quelques années avant le plan Junod. 

En 1830, Henri-Louis Jacot, propriétaire de la maison au numéro 1 de la rue de la Promenade et des terrains alentours, établit un règlement pour un plan de quartier. Largeur et hauteur des immeubles, type de pierre à utiliser, arbres et trottoirs sont précisément indiqués dans le règlement. À l’arrière, des jardins agrémentés de fontaines ainsi que des lessiveries (qui donnent leur nom au Passage des Petites-Lessiveries) apportent du confort. Les acheteurs des terrains s’engagent à construire leurs immeubles en respectant le règlement et à œuvrer à l’embellissement du quartier. 

La rue se situe alors en hauteur et est arborisée. Un escalier placé à gauche de l’immeuble Promenade 2 permet l’accès depuis la rue du Grenier. Cette rue surélevée, en dehors de l’agitation du village, est alors un lieu de rendez-vous et de détente. 

Au début du XXe siècle, l’augmentation de la population et de la circulation entraîne d’importantes transformations sur la rue de la Promenade. Une tranchée est creusée en 1939 et d’imposants murs de soutènement sont construits. La rue est alors goudronnée et devient une artère importante de la ville. Peut-être retrouvera-t-elle un jour son caractère d’origine. 

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine 
Photo : Sophie Amey

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La littérature au coin de la rue

La littérature au coin de la rue

Le quartier des Alérac, avec les rues du Cavalier-de-Paille et de l’Arrosoir-Rouge ainsi qu’une rue éponyme dans le quartier des Arêtes, mettent en lumière Monique Saint-Hélier. De son vrai nom Berthe Eimann, elle mène une carrière d’écrivaine et d’artiste peintre.

Née à La Chaux-de-Fonds en 1895, elle quitte la ville à 20 ans pour s’installer à Berne puis à Paris avec son mari. De santé fragile, partiellement paralysée, elle passe la plus grande partie de sa vie alitée et entretient des amitiés et des correspondances avec des écrivains et artistes de son temps. Elle meurt en 1955 des suites d’une crise cardiaque. 

À partir de 1927, elle publie plusieurs textes sous le pseudonyme Monique Saint-Hélier. Son œuvre majeure, le Cycle des Alérac, met en scène sa ville natale, sans pour autant la nommer. Composé de Bois-Mort, Le Cavalier de Paille, Le Martin-Pêcheur et L’Arrosoir rouge, romans publiés avant et après la Deuxième Guerre mondiale, le Cycle des Alérac évoque les atmosphères de La Chaux-de-Fonds dans la première moitié du XXe siècle. Monique Saint-Hélier s’attache particulièrement à évoquer le vécu et les souvenirs, souhaitant faire sentir à travers son écriture qu’elle est une enfant de la région.

Sa carrière d’artiste peintre reste davantage privée. Elle peint depuis son lit, principalement des bouquets de fleurs. Plusieurs toiles sont conservées au Musée des beaux-arts.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine
Photos : Malé Montini

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La ville racontée à travers ses rues : Rue de Jérusalem

La ville racontée à travers ses rues : Rue de Jérusalem

A partir des années 1830, La Chaux-de-Fonds voit naître et grandir une communauté juive venue principalement d’Alsace. Vivant un important développement au fil du 19e siècle, la communauté va se doter de deux lieux de culte dans des appartements privés, puis, en 1863, d’une première synagogue à la rue de la Serre 35 (aujourd’hui détruite). En 1896, la communauté, qui avoisine les 1’000 membres, inaugure la synagogue que nous connaissons aujourd’hui, au centre-ville.

Entre 1818 et 1848, l’installation des juifs sur le territoire neuchâtelois est fortement réglementée par le Conseil d’État. L’interdiction perdure à La Chaux-de-Fonds jusqu’en 1857, avec quelques exceptions. Tel fut le cas en 1849 lorsque le Grand Conseil neuchâtelois autorise un israélite, Moïse Woog, à acheter une maison au nord du village. Située alors à la rue de la Sombaille, cette maison, puis la rue où elle y est bâtie, sont rapidement appelées « Jérusalem » par les villageoises et les villageois. Cette expression a finalement donné sur son officiel à la rue.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine.
Photos : Nolan Crelier

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La ville racontée à travers ses rues : Célestin Nicolet

La ville racontée à travers ses rues : célestin nicolet

Retracer le parcours de Célestin Nicolet, c’est se pencher sur le destin “d’un savant modeste, d’un homme amoureux de son coin de terre et défenseur des intérêts de son pays”. C’est avec ces mots que l’historien Charles Thomann qualifie cet homme resté discret.

Né en 1803, Célestin Nicolet fait des études de pharmacie. Il ouvre une officine sur la Place de l’Hôtel-de-Ville en 1832. Active pendant une trentaine d’années, sa boutique devient le centre scientifique, intellectuel et politique du village.

Célestin Nicolet s’intéresse en effet à l’ensemble des sciences naturelles, de la botanique à la chimie, en passant par la zoologie et la détermination de l’heure. Il dessine des cartes géologiques de la région et réfléchit à la problématique de l’approvisionnement en eau potable du village. En 1843, il fonde la section “Montagnes” de la Société neuchâteloise des sciences naturelles.

Mais Célestin Nicolet est aussi passionné d’art et d’histoire. Autour de 1840, il participe à la création de la bibliothèque et du premier musée de la ville. En 1862, il propose de nommer la Grand-Rue du nom d’un artiste local récemment disparu à Venise : Léopold-Robert. Et Célestin Nicolet est aussi un républicain convaincu, élu au Grand Conseil suite à la Révolution de 1848.

La petite rue qui porte son nom, à l’est de la rue des Sorbiers, témoigne de la modestie de cet homme mort en 1871, qui fut un animateur infatigable de la vie scientifique régionale.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine.
Photos : Nolan Crelier

 

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La ville racontée à travers ses rues : Avenue Léopold-Robert (le pod)

La ville racontée à travers ses rues : l'Avenue Léopold-Robert (le pod)

L'Avenue Léopold-Robert
Avenue Léopold-Robert (le pod)

Rue principale de la ville, l’Avenue Léopold-Robert est familièrement appelée le pod. Mais que l’on ne s’y trompe pas, le terme pod n’est pas l’abréviation de Léopold. C’est un diminutif qui évoque le Podium, c’est-à-dire l’artère centrale sur laquelle il était de bon ton, au début du 20e siècle, de se montrer, de déambuler, voire de faire du lèche-vitrine.

L’Avenue Léopold-Robert, appelée “Grand Rue” jusqu’en 1862, était bordée de jardins sur son côté nord. Ils ont été supprimés lors de la construction de la Grande Fontaine et du réaménagement de la rue en 1888.

Né quelques jours après l’incendie de mai 1794, dans une ferme à l’extrême ouest de La Chaux-de-Fonds, Léopold Robert fait une brillante carrière de graveur et de peintre. Il vit et expose à Paris, Rome et Venise. Spécialiste des scènes de genre, il met en valeur les petites gens et les brigands qu’il rencontre en Italie. En proie aux difficultés de la création, tourmenté par une déception amoureuse et atteint d’une profonde mélancolie, il se donne la mort à Venise en mars 1835.

S’il est un peintre un peu oublié, il n’en demeure pas moins une figure importante qui fit rayonner La Chaux-de-Fonds et la principauté de Neuchâtel loin à la ronde.

La statue située en face de la Grande Fontaine a, quant à elle, été réalisée en 1935 par le sculpteur Léon Perrin lors des festivités marquant le centenaire de la mort de Léopold Robert. 

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine.
Photo : Aline Henchoz