Le Tourbillon – Journal officiel mensuel de la Ville de La Chaux-de-Fonds

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : Creux-du-Pacot

La ville racontée à travers ses rues : Creux-du-Pacot

Arriver à La Chaux-de-Fonds par la rue de l’Hôtel-de-Ville, c’est un peu remonter le temps.

Cette rue n’était, jusqu’au début du 19e siècle, qu’une combe humide, sinueuse et inhospitalière. Cette humidité trouve son origine au Creux-du-Pacot. Petite place aujourd’hui calme et accueillante, un peu en retrait à l’est de l’Hôtel-de-Ville, le Creux-du-Pacot était un marais boueux, alimenté par une source souterraine qui jaillissait à cet endroit. Le mot pacot désigne, selon le dictionnaire du parler neuchâtelois et suisse romand, de la boue épaisse. Le centre de l’ancien village, situé au croisement de quatre axes de communication, était difficile d’accès en arrivant de Neuchâtel. Des tentatives de canaliser le Creux-du-Pacot et d’assécher le marais ont eu lieu avant et après l’incendie de 1794. Il faut attendre 1806 et l’intervention du prince-gouverneur Berthier pour voir le Creux-du-Pacot définitivement asséché et la Combe devenir une véritable route praticable.

Dès lors, le quartier autour du Creux-du-Pacot et de la future rue de l’Hôtel-de-Ville se développe pour accueillir une dynamique vie villageoise autour d’un nombre important d’échoppes et de cafés. Cette partie nord-est de La Chaux-de-Fonds ne sera pas impactée par le plan en damier conçu par Charles-Henri Junod en 1835. Les rues y restent étroites et sinueuses, donnant à ce quartier un charme tout particulier. Le Creux-du-Pacot accueille encore deux cafés emblématiques du vieux village : Les Faucheurs et le Télégraphe. 

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine.
Photos : Nolan Crelier

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : Fritz Courvoisier

La ville racontée à travers ses rues : Fritz Courvoisier

Un jour de congé grâce à Fritz ? Le 1er mars 1848, une colonne révolutionnaire d’environ 800 personnes favorables à l’instauration d’une république se met en marche depuis La Chaux-de-Fonds en direction de Neuchâtel. À sa tête, Fritz Courvoisier.

Horloger né en 1799, Fritz Courvoisier découvre les idées libérales et républicaines lors de ses voyages en Europe. Il participe aux insurrections de septembre 1831 contre le pouvoir prussien et est condamné à deux ans de bannissement. De retour à La Chaux-de-Fonds en 1839, il y crée sa propre entreprise horlogère mais continue de militer pour l’émancipation du canton et l’instauration de la république.

Le 29 février 1848, il est nommé commandant de la troupe qui, le lendemain, marche sur le Château de Neuchâtel pour renverser le gouvernement royaliste et instaurer la république. Le gouvernement provisoire mis en place est alors présidé par Alexis-Marie Piaget. Deux jours plus tard, la Confédération reconnaît le nouveau gouvernement et la République et Canton de Neuchâtel est proclamée.

Après cet épisode révolutionnaire, Fritz Courvoisier reprend la direction de sa fabrique d’horlogerie et œuvre en tant que député radical au Conseil national et au Grand Conseil. En 1852, il devient lieutenant-colonel de l’état-major de l’armée fédérale. Il meurt prématurément à 55 ans d’une attaque d’apoplexie (ancien terme désignant une hémorragie cérébrale).

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine.
Photos : Aurore Sande

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : Lazaret

La ville racontée à travers ses rues : la rue Lazaret

Un Lazaret à La Chaux-de-Fonds ? Située à l’est de la ville, la rue du Lazaret fait référence à un établissement de mise en quarantaine ou pavillon pour les contagieux installé en 1895 dans un bâtiment qui abrite aujourd’hui une crèche (rue de la Prévoyance 76).

La nécessité d’isoler les malades contagieux, surtout lors des épidémies, pousse les autorités à construire un lazaret à l’écart du village. En 1880, le bâtiment, situé alors à la rue Alexis-Marie-Piaget 35, au lieu-dit de la Citadelle, et encore en construction, accueille les 150 victimes d’une épidémie de variole. Il est terminé en 1881, après la fin de la contagion. Les locaux sont alors désinfectés et restent vides pendant dix ans. Le bâtiment est transformé en école en 1891 et devient le collège de la Citadelle.

Entre 1850 et 1890, la population de la ville double. L’hôpital situé à la rue Numa-Droz (voir article précédent sur la boucle de Cydalise) devient trop petit et trop proche des habitations et bâtiments publics. La direction de l’Hôpital achète des terrains à l’est de la ville et fait construire un nouvel hôpital, inauguré en 1898.

Le lazaret, quant à lui, est construit déjà en 1895. Ce pavillon d’isolement pour les maladies contagieuses est alors une nécessité demandée par la loi fédérale sur les épidémies. Il est réalisé grâce à l’appui financier de la Confédération et de l’État. Il est progressivement abandonné et transformé en crèche à la fin des années 1970.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine

Photos : Nolan Crelier

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : Abraham-Robert

La ville racontée à travers ses rues : la rue Abraham Robert

Qui était Abraham Robert ? Il fut le premier maire de La Chaux-de-Fonds. C’était en 1656.

Les villages du Locle et de La Sagne avaient déjà obtenu leur autonomie et la communauté paysanne de La Chaux-de-Fonds réclamait la sienne. D’abord dépendant de Valangin, puis rattaché pendant 40 ans à la juridiction du Locle, le village fut érigé en mairie par Henri II d’Orléans-Longueville. Neuchâtel était alors une principauté gouvernée par cette famille française.

L’acte de fondation de la nouvelle mairie est signé à Rouen le 2 décembre 1656 et Abraham Robert fut nommé maire six jours plus tard. Les archives conservent précieusement cet acte de naissance du village. Le 12 janvier 1657, Abraham Robert prête serment devant 

le gouverneur de l’État de Neuchâtel, Jacques de Stavay-Mollondin, dont une rue du quartier de l’hôpital porte également le nom.

Dès lors, La Chaux-de-Fonds existe en tant qu’entité administrative et plus uniquement comme une communauté. Elle a son administration, son lieutenant de police, ses juges et son conseil de communauté. Le hameau compte alors 1000 âmes, réparties dans les onze quartiers que l’on retrouve dans les carreaux en bas des armoiries. Le plus peuplé était alors le Grand Quartier, autour de l’actuelle place de l’Hôtel-de-Ville, avec une vingtaine de maisons, l’église et le corps de garde.

Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine

Photos : Aline Henchoz

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : Passage des Lundis Bleus

La ville racontée à travers ses rues : le passage des Lundis-Bleus

Niché entre l’avenue des Forges et la rue du Locle, le passage des Lundis-Bleus prolonge l’esplanade du Cadran. Mais pourquoi cet adjectif coloré vient-il s’accoler au premier jour de la semaine ?
La réponse se trouve dans l’histoire horlogère de La Chaux-de-Fonds. Une multitude de professions interviennent durant le processus de fabrication des montres. L’horloger seul n’est rien. Il a besoin des corps de métiers qui produisent les nombreuses pièces qu’il devra ensuite assembler pour donner vie à la montre. Les fabricants de boîtes tenaient une place de choix puisqu’ils fabriquaient le support dans lequel viendrait se loger le mécanisme. Ils étaient parfois appelés les Barons, car, du fait de leur nécessité, ils se permettaient certaines libertés.

Durant le 19 e siècle, aucune loi ne règlemente la durée du travail. De nombreux ouvriers liés à l’horlogerie travaillent jusqu’au samedi après-midi. En contrepartie, beaucoup d’entre eux, principalement les fabricants de boîtes de montre, récupéraient ce temps en faisant la fête le dimanche soir. Ils prenaient alors un “ lundi bleu ” en ne venant pas au travail le premier jour de la semaine. Cette pratique a disparu à partir de 1878 avec la mise en place de la loi fédérale sur le travail en fabrique. Votée de justesse en 1877, cette loi fixait la journée de travail à 11 heures. L’expression, elle, est restée.


Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine.
Photos : Aline Henchoz

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : autour de la Boucle de Cydalise

La ville racontée à travers ses rues : autour de la Boucle de Cydalise

Photos : Aline Henchoz

La Chaux-de-Fonds doit son premier hôpital à deux femmes : Sophie Mairet et Cydalise Nicolet. Soucieuses de soigner les ouvriers victimes d’accidents, elles louent, en 1841, un petit appartement à la rue du Rocher. Le village compte alors près de 10’000 habitants et cette première “chambre de secours”, financée par des dons, des collectes ou des loteries devient vite trop petite.

Les deux femmes achètent, en 1842, une maison à la rue de la Charrière et y installent onze lits. Elles rêvent de doter le village d’un véritable hôpital et adressent plusieurs demandes au roi, aux autorités et à la population, afin d’obtenir les fonds nécessaires à la construction d’un véritable hôpital. Elles créent alors un règlement et un comité.

Le premier hôpital ouvre ses portes en 1848, entre les anciennes rues de la Demoiselle et de la Grognerie (actuelles rues Numa-Droz et du Progrès). Mais ce sera sans Cydalise Nicolet ni Sophie Mairet, qui se brouillent avec le comité, exclusivement masculin, ce dernier estimant alors “qu’une œuvre aussi importante était un bien lourd fardeau pour deux dames”.

Devenant à son tour trop petit, ce premier hôpital est remplacé en 1898 par un nouveau bâtiment à la rue de Chasseral puis, en 1966, par un
hôpital moderne. 

Situées à proximité de l’hôpital, les rues Sophie Mairet et Cydalise Nicolet nous rappellent ces deux femmes persévérantes à qui La Chaux-de-Fonds doit beaucoup.

Sylvie Pipoz
Déléguée à la valorisation du patrimoine.

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La ville racontée à travers ses rues

La ville racontée à travers ses rues : la rue du Temple-Allemand

La ville racontée à travers ses rues : la rue du Temple-Allemand

Photos : Aline Henchoz

La Chaux-de-Fonds se raconte à travers ses noms de rues, de places ou de parcs. La toponymie, c’est-à-dire le nom donné aux lieux et l’étude de ces derniers, aide à comprendre la ville. Chaque mois, Le Tourbillon vous fait découvrir un aspect de l’histoire locale à partir de la toponymie.  

La rue du Temple-Allemand traverse la ville en damier d’est en ouest. Son nom est rattaché au temple situé au nord de la rue du Premier-Mars. Mais pourquoi allemand ? La réponse se situe dans la première moitié du 19e siècle. Vers 1830, La Chaux-de-Fonds manque de main-d’œuvre agricole car de nombreux paysans se déplacent en ville pour travailler dans l’horlogerie. Des ouvrier·e·s issus du canton de Berne, puis de toute la Suisse allemande, s’installent alors dans la région. De confession protestante et représentant jusqu’à 30 pourcent de la population, cette communauté a besoin d’un lieu de culte. Inauguré en 1853, le Temple Allemand répond à cette attente.

 

La présence germanophone est visible également dans certains noms de famille, dans l’inscription Bierhalle sur le café « Le Petit Paris » ou encore dans le nom originel du Centre de culture ABC. Ce dernier vient du nom d’une troupe de théâtre de langue allemande créée en 1967 : Amateure Bühne Chaux-de-Fonds (scène amateur La Chaux-de-Fonds). Le Centre de culture ABC exploite depuis 1989 le Temple Allemand, transformé en salle de spectacle. 

Sylvie Pipoz
Déléguée à la valorisation du patrimoine