Le Tourbillon – Journal officiel mensuel de la Ville de La Chaux-de-Fonds

Journal officiel mensuel
de la Ville de La Chaux-de-Fonds

La ville racontée à travers ses rues : le passage des Lundis-Bleus

Niché entre l’avenue des Forges et la rue du Locle, le passage des Lundis-Bleus prolonge l’esplanade du Cadran. Mais pourquoi cet adjectif coloré vient-il s’accoler au premier jour de la semaine ?
La réponse se trouve dans l’histoire horlogère de La Chaux-de-Fonds. Une multitude de professions interviennent durant le processus de fabrication des montres. L’horloger seul n’est rien. Il a besoin des corps de métiers qui produisent les nombreuses pièces qu’il devra ensuite assembler pour donner vie à la montre. Les fabricants de boîtes tenaient une place de choix puisqu’ils fabriquaient le support dans lequel viendrait se loger le mécanisme. Ils étaient parfois appelés les Barons, car, du fait de leur nécessité, ils se permettaient certaines libertés.

Durant le 19 e siècle, aucune loi ne règlemente la durée du travail. De nombreux ouvriers liés à l’horlogerie travaillent jusqu’au samedi après-midi. En contrepartie, beaucoup d’entre eux, principalement les fabricants de boîtes de montre, récupéraient ce temps en faisant la fête le dimanche soir. Ils prenaient alors un “ lundi bleu ” en ne venant pas au travail le premier jour de la semaine. Cette pratique a disparu à partir de 1878 avec la mise en place de la loi fédérale sur le travail en fabrique. Votée de justesse en 1877, cette loi fixait la journée de travail à 11 heures. L’expression, elle, est restée.


Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine.
Photos : Aline Henchoz