Le Tourbillon – Journal officiel mensuel de la Ville de La Chaux-de-Fonds

Journal officiel mensuel
de la Ville de La Chaux-de-Fonds

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intempéries 2023

Des Bénévoles viennent en aide aux agriculteurs dépassés

Des Bénévoles viennent en aide aux agriculteurs dépassés

La famille Droz, propriétaire de la ferme et la maison d’hôtes du Gros-Crêt, témoigne de l’aide reçue de la part de bénévoles et de cet événement qui laisse des traumatismes indélébiles sur leurs terrains, mais également dans leur esprit.

Sonia Droz explique « Ce jour-là, durant la tempête, je n’ai pas compris ce qui arrivait, on ne peut pas se rendre compte de ce qui se passe, j’ai pensé que c’était simplement un gros orage. Ici, au Gros-Crêt, nous sommes coupés du monde, nous n’avons pas de voisin. À la ferme, nous sommes restés un jour et demi sans électricité et sans eau. Tout de suite, Viteos a réalisé un travail incroyable afin de faire le nécessaire, c’est eux qui nous ont appelés, ils nous ont demandé comment nous allions et l’aide dont nous avions besoin. »

Il a donc fallu revenir à la réalité et s’occuper des animaux, une priorité pour les agriculteurs·trices. Malheureusement, cinq bovins sont morts écrasés par des arbres durant la tempête. Exploitante aux Eplatures, aux Endroits et au Chapeau-Râblé, la famille Droz n’a pas été épargnée, leurs prés semblent avoir été la cible de la tempête. Au total, environ 140 hectares de pâturages boisés ont été touchés dont 60 hectares qui appartiennent à la famille Droz, ce qui représente entre 50 % et 100 % de perte dans la partie boisée.

La solidarité à l’honneur
Mais l’élan de solidarité de chacun·e a redonné du baume au cœur et du courage durant cette catastrophe ; « Après une journée d’évacuation des déchets, nous avons regardé autour de nous et nous avons pensé que c’était impossible, nous ne pouvions pas tout débarrasser en étant que quatre… Par la suite, la commune nous a contactés en nous informant que des bénévoles étaient à disposition, sans cette aide précieuse, nous n’y serions jamais arrivés ! ». Des bénévoles qui répondent présents et de bonne humeur, même si les conditions sont parfois pénibles : des terrains en pente, la pluie, un thermomètre dépassant les trente degrés… l’ambiance reste toujours bon enfant et le travail accompli remplit de fierté, et de plus des repas sont servis au SISMN aux courageux·ses qui s’investissent toute la journée. Une organisation qui s’est mise en place grâce au bouche-à-oreille, aux réseaux sociaux, à la Ville, à des citoyen·ne·s engagé·e·s et à certaines entreprises.

Les personnes intéressées à s’inscrire en tant que bénévoles peuvent contacter Monsieur Christophe Ummel au 079 322 22 86

La famille Droz garde le moral malgré cette terrible épreuve, et est reconnaissante envers toutes les personnes qui offrent de leur temps. « Nous remercions les entreprises qui proposent à leurs employé·e·s de venir nous aider tels que Brasport, Ulysse Nardin et Procadrans. BMS, une usine pharmaceutique à Boudry, met à disposition une trentaine de personnes toutes les semaines. Un motard qui se promenait, nous a vu ramasser des débris dans nos champs, il s’est arrêté et nous a aidés. Un dernier exemple de générosité, Thierry Cano, qui est très actif sur les réseaux, nous a fait profiter de ses talents de leader en rassemblant beaucoup de monde et a consacré ses vacances aux agriculteurs·trices. »

Un travail loin d’être terminé
Les deux premières semaines étaient consacrées à l’évacuation des déchets provenant des usines, des maisons, des panneaux solaires, des tuiles, etc. La 3e semaine, le bois a pu être débarrassé. « Et c’est loin d’être terminé » précise Sonia Droz « il reste beaucoup à faire. J’insiste sur ce détail, car la population peut s’imaginer que la vie a repris son rythme normal. Tant que les dégâts sont visibles, au bord des routes, dans les champs, on se rend compte du travail à accomplir. Mais maintenant que les nettoyages se passent dans la forêt avec des branches à évacuer, la plupart des gens pensent que c’est terminé. Or, ramasser tout ce bois représente un grand labeur. Les forestiers coupent les arbres, mais les branches restent sur place, les animaux ne peuvent pas manger ni se déplacer en ces lieux, l’herbe ne peut pas pousser, provoquant de la perte de fourrage. Nous avons également 8 km de clôture à refaire. Il faut encore compter des mois de travail, il était nécessaire que nous engagions un employé et nous espérons que de nombreuses personnes s’inscriront encore pour venir en aide aux agriculteurs·trices touché·e·s ».

Sonia Droz tient également à faire un rappel à la vigilance « malgré les pancartes et les sensibilisations aux dangers, des personnes se promènent dans les bois, parfois avec leurs écouteurs sur les oreilles… Les arbres et les branches craquent et risquent de chuter, les bûcherons tronçonnent, c’est dangereux, restez prudents et prudentes ! ».

Une dernière note positive
Dans l’ensemble, la famille se dit soutenue et touchée de toute l’aide reçue. Elle tient à saluer le grand travail de coordination effectué entre les demandes des agriculteurs·trices et la commune de La Chaux-de-Fonds, concernant les bénévoles. Elle valorise le travail remarquable accompli chaque jour par les forestiers et remercie chaleureusement Monsieur Christophe Ummel, président de la société d’agriculture, qui s’investit également beaucoup.


Sophie Amey
Photos: Malé Montini
Photo ci-dessous : B.Droz

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Une famille relogée témoigne

Une famille relogée témoigne

Le Tourbillon a laissé la parole à Sylvie et Éric, propriétaires d’une maison durement touchée par la tempête. L’habitation étant inutilisable, ils ont été contraints d’être relogés.

Comment se sont déroulées ces quelques minutes ?
Je n’ai pas compris ce qu’il se passait, je travaillais à l’hôpital et à 11h40 ma fille m’a envoyé un SMS demandant de mes nouvelles et m’expliquant qu’un pylône électrique était tombé devant elle. Au même moment, mon mari m’envoyait la photo d’une rue couverte de tuiles et de branches. J’étais sidérée, car devant moi, sur le parvis de l’hôpital, il n’y avait pas une feuille par terre. Ensuite, mon conjoint m’a téléphoné en hurlant que le toit de notre maison s’était envolé et que l’appartement était dévasté. C’est aussi à cet instant que les premiers blessés sont arrivés à l’hôpital.

Comment avez-vous réagi ?
Mon mari a immédiatement essayé d’appeler les pompiers et il a commencé à nettoyer un maximum notre appartement avec l’aide de notre voisine. Il ne voulait pas que je voie tous ces dégâts. Il s’est également assuré que les voisins allaient bien et il a contacté les assurances.

Quels dégâts avez-vous constatés ?
Le toit était par terre devant la maison, le mélèze s’était cassé en deux et une partie était plantée dans un pan de toit. Comme il n’y avait plus de toit, l’appartement était inondé et rempli de branches, de terre, d’herbe, etc… Je vérifiais sans cesse le radar météo, car de la pluie était encore annoncée. Et cela n’a pas manqué vers 14h00, la moitié de l’appartement s’est retrouvé sous l’eau.
Vers 17h, des couvreurs sont venus bâcher comme ils ont pu, mais cela n’a pas été suffisant malheureusement. Vers 22h les pompiers sont venus s’assurer que tout était en sécurité. Mardi après-midi, tout a été mis hors d’eau par une autre équipe.

Comment un tel cas est-il géré et est-ce que vos assurances couvrent les frais ?
Le jeudi matin, des experts de La Mobilière, notre assurance ménage, et de l’ECAP étaient déjà là avec l’entreprise Belfor pour l’assainissement ! Dès lundi, ils ont commencé à démonter ce qui était détruit (plafonds, parquets, carrelage, mobilier, etc.) et ils ont directement commencé l’assèchement !

Nous n’avons pas encore été indemnisés, car les devis doivent être validés avant de pouvoir débuter les travaux. Les arbres et les extérieurs ne sont pas pris en charge.

J’ai des craintes concernant certains dédommagements, étant donné que nous sommes propriétaires, il semblerait que le relogement ne soit pas totalement remboursé. Mais cela reste à confirmer. Dans l’urgence nous avons dû trouver un appartement meublé de vacances à La Jonchère pour CHF 4’466. — pour 32 nuits. Depuis le 17 septembre, nous sommes dans un chalet au camping du bois du Couvent à plus de CHF 1’000.-.

Comment s’est passé le relogement ?
Le seul appartement mis à notre disposition par la ville dans l’Ancien Manège était meublé pour une seule personne. Sans être difficiles, il était impossible pour nous d’envisager d’y vivre plusieurs mois. Nous n’avons pas eu d’autres choix que de s’installer dans l’appartement de vacances, car la moitié de nos meubles sont détruits et nous avions déjà vécu des jours entiers chez nous, sans chambre, sans salle de bains, ni cuisine. Malheureusement, ça risque d’être long avant de pouvoir réintégrer notre appartement.

De manière générale, que ressentez-vous face à ce défi ?
Tout le monde a fait preuve d’une incroyable entraide. Ma voisine a passé des heures à m’aider et nous avons reçu des dizaines d’offres pour nous héberger, parfois même d’inconnus, ou presque.

Je suis néanmoins en colère concernant l’aide à l’hébergement de la part des gérances œuvrant sur la ville, malgré mes explications sur notre situation, aucune n’a proposé un appartement meublé pour une courte durée. Chacune imposait un bail d’un an. Nous avons dû nous débrouiller seuls, en assumant cette situation, tout en travaillant.

Sophie Amey
Photos : Sylvie.S

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Au chevet des sinistrés : le formidable élan de solidarité de Thierry Cano et son équipe

Au chevet des sinistrés : le formidable élan de solidarité de Thierry Cano et son équipe

C’est sans doute l’une des images marquantes de l’événement qu’a traversé la Ville de La Chaux-de-Fonds et ses habitant·e·s : celle de dizaines de volontaires affairés dans les champs du Crêt-du-Locle, des Eplatures, des Endroits et du Chapeau-Râblé, sacs poubelles à la main, à ramasser des déchets en tous genres, éparpillés après le passage de la tempête.

Coach sportif loclois de 41 ans, Thierry Cano a initié et piloté le plus important élan citoyen d’entraide dès les premières heures qui ont suivi la catastrophe. Alors qu’il était sur le point de commencer ses vacances, il a assisté depuis sa salle de sport au rideau blanc qui s’est abattu sur la ville. Mais le coup d’assommoir, il l’a reçu en se rendant à l’extérieur quelques minutes plus tard : « En route vers chez moi, je suis passé par le Crêt-du-Locle. J’ai été très touché par cette vision. Je suis arrivé en pleurs et choqué à la maison », explique-t-il au Tourbillon un mois après les événements. Dès lors, impossible pour lui de penser aux vacances imminentes qui devaient justement lui permettre de se vider la tête.

Tout est allé très vite. Un passage au guichet de la Sécurité publique à l’Hôtel de Ville, un appel à la hotline, une ville en état d’alerte : Thierry Cano est allé rapidement au contact de ceux qui ont été fortement touchés. « Je me suis retrouvé dans les champs d’un agriculteur, Fabrice Matile. C’est à son contact que j’ai écrit mon appel sur les réseaux sociaux ». De coach sportif à chef d’opération.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. « Dix minutes plus tard, j’ai reçu les premiers messages, et ça n’a plus arrêté », explique-t-il, encore tout étonné de l’ampleur qu’a prise la mobilisation. Après s’être entouré de deux « adjoints », Thierry Cano a coordonné le déploiement d’environ 200 bénévoles sur deux semaines, selon ses estimations. Des journées de travail allant jusqu’à 12h00 de temps, en plus de soirées occupées à planifier les lendemains. Il faut dire que la zone sinistrée était vaste. « On a ratissé de long en large le secteur du Crêt-du-Locle depuis le Temple des Eplatures jusqu’à Landi, au Sud et au nord de l’autoroute », détaille-t-il.

Par le bouche-à-oreille et grâce aux contacts sur place, ce sont les terres de cinq familles d’agriculteurs et une dizaine d’autres propriétés privées qui ont été nettoyées. Bois, taules, verre, laine de verre : tous les matériaux ont été triés sur place avant d’être débarrassés par les camions du Service des espaces publics de la Ville de La Chaux-de-Fonds. Un travail d’orfèvre. « Dans le secteur de Sellita, on devait pratiquement prendre une loupe pour enlever les débris dans les pelouses », image Thierry Cano.

Un mois plus tard, c’est un mélange d’émotions et de sentiments qui remontent à la surface. « J’ai été très affecté d’assister à la détresse de celles et ceux qui ont tout perdu. Mais en même temps, je suis fier du travail accompli par toutes ces équipes. » Dans les champs du Crêt-du-Locle et bien au-delà c’est certain, la solidarité a réussi à déplacer des Montagnes.

Léonard Reichen

Photos : Aurore Sande

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Cellule psychologique : écoute et accompagnement

CELLULE PSYCHOLOGIQUE: écoute et accompagnement

Le Care-team est une unité d’aide psychologique immédiate à disposition des habitant·e·s du canton de Neuchâtel lors d’événements potentiellement traumatisants. Il est constitué d’une vingtaine de bénévoles formé·e·s à l’aide psychologique d’urgence. Cette entité est sous la responsabilité conjointe du Service de la sécurité civile et militaire (SSCM) et du Centre neuchâtelois de Psychiatrie (CNP). Le Care-team intervient sur sollicitation de la centrale neuchâteloise d’urgence de la police ou sur celle de la commune lors d’événement majeur comme pour la tempête du 24 juillet 2023.

Le Care-team a été engagé pour soutenir les impliqué·e·s primaires et secondaires dans l’objectif d’accueillir leur vécu émotionnel, d’informer sur les manifestations psychologiques pouvant apparaître et si nécessaire orienter sur le réseau socio-sanitaire.

L’action des care-givers est axée sur l’écoute et l’accompagnement, notamment dans le but d’éviter l’apparition de troubles psychiques ultérieurs.

Dans le cadre du dispositif mis en place, les personnes nécessitant un soutien ont pu se rendre dans des locaux alloués par la commune de La Chaux-de-Fonds du jeudi 25 jusqu’au 31 juillet. Une quarantaine d’impliqué·e·s ont pu bénéficier d’entretiens avec les care-givers de façon individuelle ou en groupe.

La majorité des victimes présentaient des signes de réactions au stress habituels comme par exemple de la peur, une pensée rapide, une tension nerveuse, un sentiment d’irréalité, dans un contexte inhabituel.


Annick Wohlhauser, coordinatrice Care Team NE, Infirmière cheffe du Département de la psychiatrie générale et liaison CNP

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La Hotline : un lien direct avec la population

La Hotline : un lien direct avec la population

Dès les premières heures qui ont suivi la tempête, l’état-major de crise a fait de l’information l’une de ses priorités. La hotline destinée à renseigner la population a été ouverte le lundi 24 juillet à 17h00, avec comme but premier celui de délester la centrale neuchâteloise d’urgence sollicitée à près de 1200 reprises sur cette seule première journée.

Durant une semaine, trois à quatre personnes par jour, le personnel de la Ville et élu·e·s du Conseil général, se sont relayé·e·s dans les locaux de la caserne des Eplatures (SISPOL) pour répondre au téléphone afin de renseigner la population. En moyenne, une trentaine d’appels par heure a été enregistrée lors des premiers jours qui ont suivi la tempête. Jusqu’à la désactivation de la hotline le 31 juillet, le téléphone a sonné à 1’698 reprises.

Les demandes étaient variées : craintes de citoyen·ne·s liés à des arbres ou des éléments du patrimoine bâti menaçants, questions relatives à des propositions frauduleuses de couvreurs, aux transports, à des nécessités de relogement temporaire ou encore concernant la gestion des déchets. Preuve de l’immense élan de solidarité qui s’est rapidement répandu à travers la ville, de nombreux citoyen·ne·s ont également proposé spontanément leur aide via la hotline.

L’intégration de bénévoles sur le terrain a été coordonnée progressivement par le service des ressources humaines, le service de l’urbanisme et la Chancellerie communale, en fonction de l’avancée des opérations de sécurisation de la ville menées par les unités de secours professionnelles. Le défi a été de permettre une intégration optimale de ces nouvelles forces de travail au sein de services communaux fortement mobilisés, comme l’était par exemple celui des Espaces publics regroupant la voirie et les espaces verts.

Un défi largement relevé puisque des centaines de personnes ont prêté main-forte aux opérations de nettoyage et de remise en état des rues de La Chaux-de-Fonds. On a compté parmi elles plusieurs entreprises qui ont partiellement, voire totalement fermé leurs portes, l’espace d’une journée, afin de permettre à leurs employé·e·s d’apporter de l’aide bénévolement sur le terrain.

Léonard Reichen
Photo: C.Mirabile

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Agriculture : 90 exploitations touchées

Agriculture : 90 exploitations touchées

Suite à cet événement dramatique, le Service de l’agriculture (SAGR) a immédiatement contacté la Chambre d’agriculture (CNAV) afin d’envisager les démarches à entreprendre. La première priorité consistait à déterminer quelles exploitations avaient été touchées. Nous avons identifié environ 90 exploitations en nous basant sur la carte du Service des forêts (SFFN) décrivant la trajectoire de la tempête.

Nous avons immédiatement contacté les principales exploitations concernées afin d’évaluer le degré d’urgence des interventions et pouvoir ainsi faire le nécessaire pour le communiquer dans le cadre de la cellule de crise. Ces interventions concernaient principalement les pâturages boisés et la zone industrielle des Éplatures où de nombreux déchets jonchaient le terrain. L’évaluation de la situation et des mesures à prendre a également été faite avec la société d’agriculture de La Chaux-de-Fonds dont le président, Christophe Ummel, a réalisé un travail de coordination précieux, sans compter les heures sur le terrain.

Les dégâts aux bâtiments, véhicules, animaux et matériel étant en principe couverts par les assurances, nous nous sommes approchés de Fonds suisse, organisme qui octroie un soutien financier pour les dégâts non assurables.

Il s’agissait essentiellement ici de la remise en état des barrières et des pâturages boisés. Des interventions rapides dans cette zone fortement touchée par la tempête étaient primordiales pour assurer l’affouragement du bétail.

À noter la réactivité exceptionnelle de Fonds suisse qui, contrairement à la procédure habituelle, s’est engagé directement sur le terrain avec plusieurs personnes présentes pour effectuer des expertises, celles-ci étant terminées à ce jour.

Je tiens à saluer à titre personnel l’engagement des intervenant·e·s et la qualité de l’organisation des secours, à la mesure de l’événement. Sur le plan agricole, je souligne également le courage et la résilience des agriculteurs et agricultrices touché·e·s, ainsi que la solidarité extraordinaire des nombreux·ses bénévoles actifs·ves sur le terrain. Que tout le monde en soit félicité et remercié du fond du cœur !

Pierre-Ivan Guyot, chef du service de l’agriculture

Photos : B.Droz

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Réflexions forestières : les conséquences de la tornade du 24 juillet

Réflexions forestières : les conséquences de la tornade du 24 juillet

En moins de dix minutes, le lundi 24 juillet, la tornade qui s’est abattue sur les Montagnes neuchâteloises entre Villers-le-Lac et Renan (BE) a renversé, cassé et malmené des milliers d’arbres en forêt, en zone agricole et en zone urbaine. D’innombrables autres éléments ont été impactés, mais limitons-nous aux arbres et à la question de savoir quelles sont les conséquences prévisibles.

Dans le périmètre urbain, le patrimoine boisé a été durement touché. Des arbres séculaires, parfois préexistants aux bâtiments qu’ils côtoyaient, ont été anéantis. Un énorme travail sera nécessaire pour recréer ce patrimoine, les coûts seront très conséquents.

Mais cette image sombre ne doit pas nous faire oublier que la forêt est un écosystème naturellement riche et résilient.

En zone agricole et en pâturages boisés, sur les flancs du Crêt-du-Locle et des Petites-Crosettes, de nombreux arbres disséminés dans le paysage ont été évincés. Pour retrouver à terme tous ces éléments emblématiques de notre contrée, il faudra toute la volonté et la bienveillance des agriculteurs et fermiers touchés pour créer des cellules de régénération protégées du bétail, pour permettre à de jeunes plants d’atteindre l’âge adulte qui se compte en décennies.

En forêt, la vision post-tornade est plus différenciée. Certes, les peuplements impactés vont présenter un aspect bien différent durant de nombreuses années. Les conséquences économiques pour les propriétaires concernés ne seront pas anodines : des coûts d’exploitation élevés en raison des risques liés aux interventions sur des bois enchevêtrés ou sous tension, et des recettes moindres vu la qualité des bois sortis. Dans les forêts protectrices, les risques liés aux dangers naturels pourraient augmenter. Le paysage sera durablement marqué.

Mais cette image sombre ne doit pas nous faire oublier que la forêt est un écosystème naturellement riche et résilient. Les grandes quantités de bois mort qui resteront au sol pourront donner localement l’impression d’une situation chaotique, mais leur décomposition progressive offrira aux jeunes pousses le substrat nutritif pour croître et façonner la forêt de demain. Ce changement brutal occasionné par la tempête donnera l’opportunité à la biodiversité d’exprimer son potentiel et certainement de favoriser l’adaptation indispensable des peuplements aux changements climatiques avérés. Les professionnels de la forêt, conscients de ces enjeux, travaillent désormais avec les propriétaires forestiers pour accompagner les secteurs forestiers dans cette phase de changement.

La tornade a perturbé le cycle naturel, mais ne l’a pas détruit. La vie continue.


Pascal Schneider, ingénieur forestier de l’arrondissement des Montagnes neuchâteloises, Service de la Faune, des Forêts et de la Nature (SFFN) de l’État de Neuchâtel

Photo : SP Chancellerie d’État

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Le point sur les soutiens financiers

Le point sur les soutiens financiers

© Nadia Vuillemier

Les dommages causés par la tempête sont considérables et représenteront des coûts très importants pour la Ville, mais également pour les tiers. L’ECAP et les assurances choses privées prendront en charge les coûts dans leur champ d’intervention respectif. Mais la tempête a été d’une violence et d’une improbabilité telles, qu’une partie des objets endommagés ou détruits étaient mal ou pas assurés.

Cette situation représente un enjeu crucial pour la Ville de La Chaux-de-Fonds qui était dans une dynamique d’assainissement de ses finances, mais risque également de mettre d’autres entités et personnes privées dans des situations financières délicates. Sans oublier le festival de la Plage des Six Pompes qui doit renflouer ses caisses suite à l’annulation de l’événement.

Selon les premières analyses, les coûts résiduels porteront principalement sur les alentours des bâtiments, espaces verts et autres jardins avec un défi majeur à l’échelle du territoire sinistré : replanter tous les arbres qui ont été déracinés ou auront dû être abattus ! Pour la Ville, le processus de replantation des arbres et de réhabilitation des parcs publics s’annonce colossal : il est estimé que 1’500 arbres devront être replantés sur le territoire urbain de la Ville avec pour chacun un coût moyen d’environ CHF 1’500. — (hors main-d’œuvre).

Les montants nécessaires pour cette replantation de masse étant conséquents, un appel aux dons a été adressé aux autres collectivités publiques ainsi qu’à la population.

Dans la dynamique de l’élan de solidarité remarquable qui a suivi la catastrophe, plusieurs organisations ont lancé des initiatives visant à récolter des fonds à l’image de l’Association des amis du Bois du Petit-Château, de l’Association des arbres pour rêver demain, de la Plage des Six Pompes ou encore du Kiwanis des Montagnes neuchâteloises.

Comment bénéficier d’un soutien ?
La Ville, en collaboration avec plusieurs partenaires, a mis en place différentes solutions pour venir en aide aux personnes privées ou morales qui doivent faire face à des frais qui ne seraient pas couverts par les assurances.

La procédure détaillée pour le dépôt d’un soutien financier est décrite sur le site internet de la Ville de La Chaux-de-Fonds : www.chaux-de-fonds.ch/prestations-sociales/soutiens-financiers-couts-residuels.

Cette procédure peut être résumée de la manière suivante :
1) Déclarer les dommages à son assurance (ECAP et assurance choses privée)
2) Déposer une demande sur le portail de Fondssuisse
3) Si des coûts résiduels sont constatés, la demande peut être adressée à
post-tempete@ne.ch. Cette adresse est à la disposition des citoyens·ennes pour toute question.

Deux soutiens différents pourront alors être envisagés :
1) Une contribution du Fonds des arbres
2) Un soutien de fonds d’entraide sociale alimenté par la Chaîne du bonheur, la Croix-Rouge ainsi que divers autres donateurs. Un comité de répartition statuera sur les demandes parvenues d’ici fin 2023 à l’administration communale.

Chancellerie communale

COMMENT FAIRE UN DON ?

1. Fonds des arbres :
IBAN : CH0700766000104262636

2. Fonds pour la réhabilitation des parcs Gallet et des Crêtets :
IBAN : CH6600766000104262641

3. Fonds pour la reconstruction de la ville (bâtiments publics, cours d’école, places de jeux…) :
IBAN : CH3800766000104254124

Des bulletins de versement papier peuvent être obtenus à l’adresse post-tempete@ne.ch, auprès de la Chancellerie communale au 032 889 62 03 ou au guichet (Tour Espacité, 12e étage).

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Une rentrée scolaire paisible

Une rentrée scolaire paisible

Mosaïque de tuiles cassées suite à la tempête, projet de classes de 5e-6e de La Charrière, © Mona Chibout

14 août, jour de la rentrée scolaire. Je reviens du collège de l’Ouest où les élèves ont trouvé « embêtant » que ce qu’il reste des arbres ne leur donne plus assez d’ombre. De mon côté, je constate depuis mon bureau que la cour des Forges ressemble à un grand parking, si proche d’une rue passante. Trois semaines avant, il était difficile d’assurer que la rentrée se passe aussi sereinement.

Dès le lendemain de la tempête, il aura fallu interdire l’accès au personnel de l’école à huit bâtiments scolaires. Certains n’auront pu y retourner que quatre jours avant la rentrée. Un important travail de sécurisation des bâtiments, des cours et des rues, aura permis cette étape importante tant pour les familles que pour la ville et son économie. Et si l’émotion était souvent palpable, la coordination entre les personnes impliquées aura été précieuse, efficace et réactive.

Les cours ont été nettoyées par des professionnel·le·s et des bénévoles. Les places de jeux et les bâtiments ont soigneusement été remis en état. Rapidement, des travaux de réparations complètes ont démarré au Crêt-du-Locle et aux Gentianes, pour se préparer à l’hiver.
Les élèves sont au centre de l’attention de tous les services. Un grand merci à tous ces précieux partenaires. La résilience des élèves s’exprime de nombreuses façons, comme par ce beau projet de mosaïques de tuiles cassées, une manière de faire du beau à partir d’une crise.

Je peux aujourd’hui me tourner vers la suite, notamment vers des projets de cours plus vertes. Moins de bitume et davantage de recoins arborisés. Un rapport renouvelé à la nature, aux arbres, à ce qui nous manque tant dans ces lieux devenus moins familiers.

Fabrice Demarle, directeur de secteur à l’École obligatoire

Photo ci-dessus: La cour des Forges avant/après. © Fabrice Demarle
Photo de droite: Mosaïque de tuiles cassées suite à la tempête, projet de classes de 5e-6e de La Charrière, © Mona Chibout

LES COLLÈGES LES PLUS TOUCHÉS

Le Crêt-du-Locle : scalpé d’une part de son toit et aux fenêtres crevées

Les Endroits : ses stores arrachés, mais surtout son écrin de forêt complètement rasé

Les Forges : ses fenêtres soufflées, son Espace nature ravagé

La Halle Volta : inutilisable pour plusieurs semaines

L’Ouest : ses arbres déchiquetés, et même une cheminée écroulée dans une salle de classe

Les Gentianes : son toit envolé, et le parc Gallet détruit

Les Crêtets : des tuiles envolées

La cour des Forges avant/après. © Fabrice Demarle
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Un patrimoine en héritage

Un patrimoine en héritage

© A.Sande

L’identité d’un territoire, d’une ville ou d’un quartier est, à la manière d’un patchwork, constituée de l’environnement bâti et naturel, de traditions, de récits et de vécus. Ces signes de l’existence humaine sont notre patrimoine, notre héritage, ce qui lie notre identité individuelle à l’identité collective et territoriale.

L'environnement bâti et naturel est le décor de notre vie quotidienne. Toujours sous nos yeux, parfois mal connu et peu considéré, ce patrimoine a besoin d'être apprivoisé. Ce n'est souvent que lorsqu'il est mis à mal que son importance, l'histoire qu'il raconte, ce qui nous lie à lui, fait ou refait surface.

La tempête qui s’est abattue sur La Chaux-de-Fonds le 24 juillet dernier a impacté le patrimoine bâti et naturel de la ville. Elle a touché l’identité de la cité et de fait, un peu la nôtre.

Passé la sidération, chacune et chacun doit admettre que les perspectives ont changé. Nous sommes désorienté·e·s, des lieux familiers comme le parc des Crêtets et le parc Gallet sont méconnaissables.

Dans cette période où nous faisons le deuil de nos forêts urbaines, les images d’archives nous rappellent que ces espaces ont été construits, ont été jeunes. Le réaménagement de ces parcs, véritables poumons de la cité, permettra de faire perdurer ces lieux d’attachement et d’identité.

Chacune et chacun a sa propre définition de ce qui compose l’identité de La Chaux-de-Fonds. S’y retrouvent sans doute des éléments liés à l’espace bâti, aux parcs et jardins, aux industries ou aux gens qui y ont vécu ou y vivent encore. Cette identité locale est issue d’un passé de ville ouvrière aux charmes discrets dans laquelle la nature a toujours été très présente.

À la fin du 19e siècle, l’Art nouveau, courant artistique et intellectuel s’inspirant de la nature, cherche dans les lignes de la nature les formes à donner aux arts décoratifs. Ainsi à La Chaux-de-Fonds, ces lignes en courbes et contre-courbes vont influencer les motifs décoratifs qui se déploient entre 1890 et 1914. Si le plan orthogonal impose durant plus de quatre-vingts ans un visage strict à la ville industrielle, les lignes douces de l’Art nouveau imprègnent les parcs publics, du Bois du Petit-Château aux parcs des Crêtets et Gallet.

Les détails décoratifs sont partout et nous racontent une histoire. Il suffit de lever les yeux pour découvrir des balcons aux mille et un motifs floraux ou des fenêtres décorées de vitraux Art nouveau, de pousser les portes des immeubles pour admirer des cages d’escaliers ornées de frises aux fleurs et feuilles stylisées.

Certains appartements possèdent encore des moulures aux plafonds, évoquant elles aussi des feuillages variés. Tous ces éléments sont reconnus d’importance régionale, voire nationale, pour leur ensemble et nous parlent de nature.

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© S. Amey

C’est en partie cela l’identité de La Chaux-de-Fonds : de la beauté dans les maisons ouvrières et dans les espaces publics pour améliorer le cadre de vie. Cela doit être préservé suite à la tempête, mais également en tout temps. La Ville sera attentive à ce que les éléments forts du patrimoine de La Chaux-de-Fonds que sont les vitraux, les balcons, barrières et portails anciens ou le kiosque du parc des Crêtets soient préservés, restaurés, conservés, adaptés, mais en aucun cas oubliés. Nous en sommes les héritier·ère·s

Le service de l’urbanisme encourage les propriétaires à réparer et restaurer les éléments patrimoniaux abîmés par la tempête. Il est à disposition pour accompagner et conseiller les personnes concernées quant aux démarches à effectuer. Il peut, par exemple, aiguiller vers des spécialistes ou présenter les aides financières que peut allouer la Fondation pour le patrimoine, en complément aux remboursements par les assurances.

L’engagement individuel et collectif pour la préservation et la défense du patrimoine permet d’avoir des espaces où raviver notre mémoire, d’avoir des lieux où ancrer notre identité pour prendre soin de ce qui nous est transmis.


Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine