Le Tourbillon – Journal officiel mensuel de la Ville de La Chaux-de-Fonds

Journal officiel mensuel
de la Ville de La Chaux-de-Fonds

Au chevet des sinistrés : le formidable élan de solidarité de Thierry Cano et son équipe

C’est sans doute l’une des images marquantes de l’événement qu’a traversé la Ville de La Chaux-de-Fonds et ses habitant·e·s : celle de dizaines de volontaires affairés dans les champs du Crêt-du-Locle, des Eplatures, des Endroits et du Chapeau-Râblé, sacs poubelles à la main, à ramasser des déchets en tous genres, éparpillés après le passage de la tempête.

Coach sportif loclois de 41 ans, Thierry Cano a initié et piloté le plus important élan citoyen d’entraide dès les premières heures qui ont suivi la catastrophe. Alors qu’il était sur le point de commencer ses vacances, il a assisté depuis sa salle de sport au rideau blanc qui s’est abattu sur la ville. Mais le coup d’assommoir, il l’a reçu en se rendant à l’extérieur quelques minutes plus tard : « En route vers chez moi, je suis passé par le Crêt-du-Locle. J’ai été très touché par cette vision. Je suis arrivé en pleurs et choqué à la maison », explique-t-il au Tourbillon un mois après les événements. Dès lors, impossible pour lui de penser aux vacances imminentes qui devaient justement lui permettre de se vider la tête.

Tout est allé très vite. Un passage au guichet de la Sécurité publique à l’Hôtel de Ville, un appel à la hotline, une ville en état d’alerte : Thierry Cano est allé rapidement au contact de ceux qui ont été fortement touchés. « Je me suis retrouvé dans les champs d’un agriculteur, Fabrice Matile. C’est à son contact que j’ai écrit mon appel sur les réseaux sociaux ». De coach sportif à chef d’opération.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. « Dix minutes plus tard, j’ai reçu les premiers messages, et ça n’a plus arrêté », explique-t-il, encore tout étonné de l’ampleur qu’a prise la mobilisation. Après s’être entouré de deux « adjoints », Thierry Cano a coordonné le déploiement d’environ 200 bénévoles sur deux semaines, selon ses estimations. Des journées de travail allant jusqu’à 12h00 de temps, en plus de soirées occupées à planifier les lendemains. Il faut dire que la zone sinistrée était vaste. « On a ratissé de long en large le secteur du Crêt-du-Locle depuis le Temple des Eplatures jusqu’à Landi, au Sud et au nord de l’autoroute », détaille-t-il.

Par le bouche-à-oreille et grâce aux contacts sur place, ce sont les terres de cinq familles d’agriculteurs et une dizaine d’autres propriétés privées qui ont été nettoyées. Bois, taules, verre, laine de verre : tous les matériaux ont été triés sur place avant d’être débarrassés par les camions du Service des espaces publics de la Ville de La Chaux-de-Fonds. Un travail d’orfèvre. « Dans le secteur de Sellita, on devait pratiquement prendre une loupe pour enlever les débris dans les pelouses », image Thierry Cano.

Un mois plus tard, c’est un mélange d’émotions et de sentiments qui remontent à la surface. « J’ai été très affecté d’assister à la détresse de celles et ceux qui ont tout perdu. Mais en même temps, je suis fier du travail accompli par toutes ces équipes. » Dans les champs du Crêt-du-Locle et bien au-delà c’est certain, la solidarité a réussi à déplacer des Montagnes.

Léonard Reichen

Photos : Aurore Sande