Au 21e siècle, le réflexe de la population pour s’enquérir de l’heure est de porter son regard sur un écran sorti d’une poche ou porté à son poignet, et non plus vers les cieux, en direction des horloges de tours. Il n’en demeure pas moins que les églises et leurs clochers font partie du paysage urbain de La Chaux-de-Fonds et que la vocation horlogère de la ville rend évident le maintien d’une heure publique de qualité. Attachée à ce patrimoine mécanique et sonore, la Ville mandate une société spécialisée dans son entretien. À la rentrée, les horloges mécaniques battront à l’unisson.
L’ancienneté des horloges mécaniques monumentales de la ville et les contraintes climatiques auxquelles elles sont soumises au gré des saisons ne facilitent pas la justesse de l’heure qu’elles affichent. Jusqu’en 1989, le travail d’entretien et de mise à l’heure hebdomadaire était confié au « pendulier communal ». Une activité assurée aujourd’hui par les artisans du Centre de restauration du Musée international d’horlogerie. Entretemps, les approximations de ce type de mécanismes – de l’ordre de quelques minutes par mois – sont devenues problématiques aux modes de vie connectés de notre société.
Les uns après les autres, les mécanismes ont été adaptés à leur temps, consistant en la mise en place de dispositifs de remontage électriques des poids, voire de leur remplacement pur et simple par une horloge à quartz. Aujourd’hui, quatre horloges mécaniques demeurent dans les clochers de la ville. L’objectif de cette action de restauration est de les préserver en état de marche tout en optimisant leur performance.
EN CHIFFRES
Horloge du Temple de l’Abeille : 1910
Horloge du Temple Allemand : 1942
Horloge des Eplatures : 1948
Horloge de la Bibliothèque: 1957
L’horloge du Temple de l’Abeille, la plus ancienne du parc des horloges mécaniques de la ville (1910), présente des difficultés de réglage toujours plus accrues, nécessitant une intervention en profondeur. Outre la sensibilité du mécanisme, la foudre qui a touché le clocher durant l’été 2021 a encore aggravé la situation. En plus du mécanisme, sont à assainir notamment toutes les tiges de transmissions entre l’horloge et les cadrans du clocher, ainsi que les aiguilles, dont l’encrassement et les altérations des engrenages se répercutent sur le fonctionnement du mouvement !
L’horloge des Eplatures (1948), dont le Temple est désaffecté depuis plusieurs années, bénéficiera d’une restauration complète, redonnant vie à l’affichage de l’heure à l’entrée ouest de la ville. Les deux autres horloges sont situées respectivement dans le clocher du Temple Allemand (1942) et dans celui de la Bibliothèque (1957).
Les technologies actuelles permettent de trouver des solutions heureuses en termes de conservation du patrimoine, tout en garantissant une plus grande régularité de fonctionnement. Ainsi, la mise en place d’un dispositif technique spécifique permet d’intervenir automatiquement sur la marche du mécanisme, sans devoir changer les horloges existantes. Un système d’aimants permet d’agir directement sur la course du balancier de l’horloge et de la maintenir très précise (+/- 3 secondes). Dès la rentrée d’août, les écoliers chaux-de-fonniers ne pourront plus compter sur les horloges de clochers pour justifier leur retard…
Régis Huguenin-Dumittan Conservateur-directeur, Musée international d’horlogerie