Le Tourbillon – Journal officiel mensuel de la Ville de La Chaux-de-Fonds

Journal officiel mensuel
de la Ville de La Chaux-de-Fonds

Rencontre avec Martial Farine laborantin à la station d'épuration

Laborantin pour la station d’épuration de la Ville depuis plus de trente ans, Martial Farine nous éclaire sur le rôle de ses structures industrielles situées en marge de La Chaux-de-Fonds, qui suscitent de nombreuses interrogations.

En quoi consiste le travail de la station d’épuration (STEP) ?

Elle traite toutes les eaux usées provenant de la ville. Le volume d’eau épurée quotidiennement est de 10 à 15 millions de litres d’eaux usées. La station se charge aussi des eaux issues de la fonte des neiges et des eaux de pluie. Bien que celles-ci, étant des eaux claires, ne devraient pas être traitées, elles arrivent quand même ici, puisque nous nous trouvons à un point bas. Il est important de rappeler qu’une station d’épuration ne produit pas de déchets, mais en reçoit.

Quel usage fait-on de ces eaux ?
Une fois les eaux usées traitées par la station, ces eaux ne sont pas potables, elles contiennent encore des bactéries et des virus. Elles ne sont utilisées qu’en interne, elles sont dites “industrielles”. Une partie est réutilisée à l’interne pour le traitement des boues, le rinçage de machines, le nettoyage de bâtiments. L’autre partie est remise dans la nature. Les eaux traitées s’infiltrent dans le ruisseau de la Ronde et arrivent dans le Doubs, après environ 3 jours de parcours souterrain. Avec les boues extraites des eaux polluées, la station produit du biogaz. 50 % de l’énergie utilisée en provient.
  
La météo influe-t-elle sur la qualité des eaux que vous recevez ?
Elle agit sur la quantité d’eau qu’on reçoit. Un gros orage peut en apporter jusqu’à 40’000 litres par seconde. Le rendement peut être influencé par leur nature ou leur température. Le traitement biologique est moins efficace quand les températures d’eaux sont très basses, comme c’est le cas lors de la fonte des neiges. De même que la quantité de sel qu’elles contiennent pour accélérer la fonte peut perturber leur rendement. Avec les bassins inaugurés en 2003, on a un traitement biologique qui fonctionne par rapport à la température de l’eau.
  
Quelles sont les capacités de la station ?
Elle est dimensionnée pour traiter les déchets de l’équivalent de 50’000 personnes. Les capacités hydrauliques, c’est-à-dire les quantités d’eau qu’on peut traiter par jour, sont limitées. On ne pourra pas traiter 20’000 litres d’eau par seconde, par exemple. Une partie entre dans la station d’épuration et l’autre, débarrassée des déchets solides, dans un bassin de clarification. On peut en revanche stocker les boues, dont on retire les matières organiques (provenant des toilettes). Elles sont conservées dans de grands silos, déshydratées, puis envoyées chez Vadec pour être incinérées. 
Photo : Aurore Sande
Avez-vous des idées à partager par rapport à votre travail ?

J’ai plutôt un conseil. Les gens devraient faire attention de ce qu’ils mettent dans les toilettes. Les cotons-tiges, les lingettes humides, par exemple, sont un gros problème pour nous. Une partie se concentre dans les bassins et bouche les pompes d’évacuation. Nous retirons des déchets de toutes sortes : papier, plastiques, denrées alimentaires, lingettes humides, environ 4000 kg par semaine. Il y a tout ce qu’il faut pour mettre les déchets aux bons endroits. C’est la responsabilité des gens de ne pas mettre n’importe quoi dans les toilettes avec l’idée que ça ne se verra pas.

Jean Christophe Malou 
Photo : Aurore Sande