Le Tourbillon – Journal officiel mensuel de la Ville de La Chaux-de-Fonds

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Réflexions forestières : les conséquences de la tornade du 24 juillet

En moins de dix minutes, le lundi 24 juillet, la tornade qui s’est abattue sur les Montagnes neuchâteloises entre Villers-le-Lac et Renan (BE) a renversé, cassé et malmené des milliers d’arbres en forêt, en zone agricole et en zone urbaine. D’innombrables autres éléments ont été impactés, mais limitons-nous aux arbres et à la question de savoir quelles sont les conséquences prévisibles.

Dans le périmètre urbain, le patrimoine boisé a été durement touché. Des arbres séculaires, parfois préexistants aux bâtiments qu’ils côtoyaient, ont été anéantis. Un énorme travail sera nécessaire pour recréer ce patrimoine, les coûts seront très conséquents.

Mais cette image sombre ne doit pas nous faire oublier que la forêt est un écosystème naturellement riche et résilient.

En zone agricole et en pâturages boisés, sur les flancs du Crêt-du-Locle et des Petites-Crosettes, de nombreux arbres disséminés dans le paysage ont été évincés. Pour retrouver à terme tous ces éléments emblématiques de notre contrée, il faudra toute la volonté et la bienveillance des agriculteurs et fermiers touchés pour créer des cellules de régénération protégées du bétail, pour permettre à de jeunes plants d’atteindre l’âge adulte qui se compte en décennies.

En forêt, la vision post-tornade est plus différenciée. Certes, les peuplements impactés vont présenter un aspect bien différent durant de nombreuses années. Les conséquences économiques pour les propriétaires concernés ne seront pas anodines : des coûts d’exploitation élevés en raison des risques liés aux interventions sur des bois enchevêtrés ou sous tension, et des recettes moindres vu la qualité des bois sortis. Dans les forêts protectrices, les risques liés aux dangers naturels pourraient augmenter. Le paysage sera durablement marqué.

Mais cette image sombre ne doit pas nous faire oublier que la forêt est un écosystème naturellement riche et résilient. Les grandes quantités de bois mort qui resteront au sol pourront donner localement l’impression d’une situation chaotique, mais leur décomposition progressive offrira aux jeunes pousses le substrat nutritif pour croître et façonner la forêt de demain. Ce changement brutal occasionné par la tempête donnera l’opportunité à la biodiversité d’exprimer son potentiel et certainement de favoriser l’adaptation indispensable des peuplements aux changements climatiques avérés. Les professionnels de la forêt, conscients de ces enjeux, travaillent désormais avec les propriétaires forestiers pour accompagner les secteurs forestiers dans cette phase de changement.

La tornade a perturbé le cycle naturel, mais ne l’a pas détruit. La vie continue.


Pascal Schneider, ingénieur forestier de l’arrondissement des Montagnes neuchâteloises, Service de la Faune, des Forêts et de la Nature (SFFN) de l’État de Neuchâtel

Photo : SP Chancellerie d’État