Pour vivre à La Chaux-de-Fonds, il faut y avoir grandi, dit-on. En effet, vivre dans cette ville est un privilège. Le 24 juillet 2023, en moins de cinq minutes, les arbres de Muzoo ont été déracinés (par chance, le parc reste encore bien vert), les baies vitrées de la patinoire ont volé en éclat, la piscine dévastée n’ouvrira plus cette année et le téléski à l’avenir incertain fait peine à voir.
Les écoles ont été très touchées également, les parcs, les sapins de notre enfance, les vitres des musées… Par la destruction, partielle ou totale de ces lieux, c’est non seulement notre histoire, mais aussi une partie de notre identité qui se sont envolées.
Mais le peuple chaux-de-fonnier est solidaire et résilient. À peine le vent tombé j’ai croisé des gens hébétés déambulant dans les rues en se demandant si ce qu’ils voyaient était vrai. Quelques heures plus tard, certains aidaient déjà leurs voisins à débarrasser les objets qui avaient atterri dans les jardins et dans certains appartements. Les semaines suivantes, les services communaux ont fait un travail magnifique pour nettoyer les rues et sécuriser les écoles. Aujourd’hui, pratiquement tous les stigmates ont disparu, l’ordre est revenu, ou presque…
Pour le service des bâtiments et du logement, le travail n’est pas terminé, on pourrait dire qu’il commence à peine. À la tête de ce service depuis moins d’un mois lorsque la tempête s’est abattue sur notre ville et sur nos vies, j’ai pu compter sur une équipe soudée, efficace et précise. Je tiens à le souligner en remerciant tous les collaborateurs·trices présents sur le moment, ceux et celles qui sont revenus de leurs vacances et les autres qui ont repris le flambeau dès leur retour alors que la fatigue se faisait sentir.
Après avoir paré au plus pressé, bâché, nettoyé, sécurisé les bâtiments, le travail de reconstruction commence à présent pour nous. C’est un travail titanesque qu’il faut exécuter, de surcroît dans des lieux habités ou occupés. Une stratégie qui permet à chacun·e de passer l’hiver au chaud et au sec a été élaborée, nécessitant de rebâcher plus solidement les bâtiments qui ne pourront pas être réparés cette année et d’engager, sans attendre, une course contre la montre pour les autres.
Un travail passionnant par lequel « être au service de la population » prend tout son sens.
France Christen-Verdon, architecte communale, cheffe du service des bâtiments et du logement