La toponymie a ses mystères et ses inconséquences. Alors que notre ville a toujours été progressiste en matière d’égalité, notamment des genres, sa toponymie reste étrangement en retrait, marquée par la société patriarcale de jadis.
En effet, La Chaux-de-Fonds a donné au Canton et à la Suisse la première députée cantonale en la personne de Raymonde Schweizer en 1960. Par ailleurs, notre ville est fière de sa place du 14 juin (en référence à l’inscription le 14 juin 1981 du principe d’égalité dans la Constitution fédérale) et de sa rue des Électrices.
Pourtant, parmi les centaines de toponymes qui font notre ville, seuls quatre font référence à des femmes. Et encore, l’un d’entre eux ne mentionne que le prénom (Boucle de Cydalise, pour Cydalise Nicolet) et l’autre une forme de surnom (Rue de la Capitaine). Ne reste donc que les rues Monique-Saint-Hélier et Sophie-Mairet. À noter que Cydalise Nicolet et Sophie Mairet sont les fondatrices du premier établissement de soins, clin d’œil parlant de l’attachement de longue date des Chaux-de-Fonnières et des Chaux-de-Fonniers à leur hôpital.
parmi les centaines de toponymes qui font notre ville, seuls quatre font référence à des femmes
Aujourd’hui, à l’heure où Ilinka Guyot vient d’être élue au Conseil communal (la huitième femme seulement à accéder à cette fonction), à l’heure où 19 femmes siégeront au Conseil général, sans prendre en compte les 5 suppléantes, à l’heure où l’administration communale ne cesse de se féminiser, à l’heure où une Chaux-de-Fonnière, Stéphanie Lachat, est nommée par le Conseil fédéral à la direction du Bureau fédéral de l’égalité, la Commission de toponymie et le Conseil communal entendent modestement corriger un tant soit peu la situation en baptisant deux espaces des noms de deux artistes femmes, issues du Cours supérieur de l’École d’arts appliqués, Henriette Grandjean et Jeanne Perrochet.
Le Conseil communal, sans souhaiter une révolution toponymique, formule le vœu que ce mouvement, qui est plus que symbolique, ne soit qu’un début.