Le Tourbillon – Journal officiel mensuel de la Ville de La Chaux-de-Fonds

Un patrimoine en héritage

© A.Sande

L’identité d’un territoire, d’une ville ou d’un quartier est, à la manière d’un patchwork, constituée de l’environnement bâti et naturel, de traditions, de récits et de vécus. Ces signes de l’existence humaine sont notre patrimoine, notre héritage, ce qui lie notre identité individuelle à l’identité collective et territoriale.

L'environnement bâti et naturel est le décor de notre vie quotidienne. Toujours sous nos yeux, parfois mal connu et peu considéré, ce patrimoine a besoin d'être apprivoisé. Ce n'est souvent que lorsqu'il est mis à mal que son importance, l'histoire qu'il raconte, ce qui nous lie à lui, fait ou refait surface.

La tempête qui s’est abattue sur La Chaux-de-Fonds le 24 juillet dernier a impacté le patrimoine bâti et naturel de la ville. Elle a touché l’identité de la cité et de fait, un peu la nôtre.

Passé la sidération, chacune et chacun doit admettre que les perspectives ont changé. Nous sommes désorienté·e·s, des lieux familiers comme le parc des Crêtets et le parc Gallet sont méconnaissables.

Dans cette période où nous faisons le deuil de nos forêts urbaines, les images d’archives nous rappellent que ces espaces ont été construits, ont été jeunes. Le réaménagement de ces parcs, véritables poumons de la cité, permettra de faire perdurer ces lieux d’attachement et d’identité.

Chacune et chacun a sa propre définition de ce qui compose l’identité de La Chaux-de-Fonds. S’y retrouvent sans doute des éléments liés à l’espace bâti, aux parcs et jardins, aux industries ou aux gens qui y ont vécu ou y vivent encore. Cette identité locale est issue d’un passé de ville ouvrière aux charmes discrets dans laquelle la nature a toujours été très présente.

À la fin du 19e siècle, l’Art nouveau, courant artistique et intellectuel s’inspirant de la nature, cherche dans les lignes de la nature les formes à donner aux arts décoratifs. Ainsi à La Chaux-de-Fonds, ces lignes en courbes et contre-courbes vont influencer les motifs décoratifs qui se déploient entre 1890 et 1914. Si le plan orthogonal impose durant plus de quatre-vingts ans un visage strict à la ville industrielle, les lignes douces de l’Art nouveau imprègnent les parcs publics, du Bois du Petit-Château aux parcs des Crêtets et Gallet.

Les détails décoratifs sont partout et nous racontent une histoire. Il suffit de lever les yeux pour découvrir des balcons aux mille et un motifs floraux ou des fenêtres décorées de vitraux Art nouveau, de pousser les portes des immeubles pour admirer des cages d’escaliers ornées de frises aux fleurs et feuilles stylisées.

Certains appartements possèdent encore des moulures aux plafonds, évoquant elles aussi des feuillages variés. Tous ces éléments sont reconnus d’importance régionale, voire nationale, pour leur ensemble et nous parlent de nature.

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© S. Amey

C’est en partie cela l’identité de La Chaux-de-Fonds : de la beauté dans les maisons ouvrières et dans les espaces publics pour améliorer le cadre de vie. Cela doit être préservé suite à la tempête, mais également en tout temps. La Ville sera attentive à ce que les éléments forts du patrimoine de La Chaux-de-Fonds que sont les vitraux, les balcons, barrières et portails anciens ou le kiosque du parc des Crêtets soient préservés, restaurés, conservés, adaptés, mais en aucun cas oubliés. Nous en sommes les héritier·ère·s

Le service de l’urbanisme encourage les propriétaires à réparer et restaurer les éléments patrimoniaux abîmés par la tempête. Il est à disposition pour accompagner et conseiller les personnes concernées quant aux démarches à effectuer. Il peut, par exemple, aiguiller vers des spécialistes ou présenter les aides financières que peut allouer la Fondation pour le patrimoine, en complément aux remboursements par les assurances.

L’engagement individuel et collectif pour la préservation et la défense du patrimoine permet d’avoir des espaces où raviver notre mémoire, d’avoir des lieux où ancrer notre identité pour prendre soin de ce qui nous est transmis.


Sylvie Pipoz, déléguée à la valorisation du patrimoine