Le Tourbillon – Journal officiel mensuel de la Ville de La Chaux-de-Fonds
Que se passe-t-il lorsque deux artistes échangent leurs lieux de création ? En accueillant à La Chaux-de-Fonds une artiste winterthouroise, et à Winterthur une écrivaine chaux-de-fonnière, la Fondation Winterthur – La Chaux-de-Fonds renforce des liens culturels, déjà très présents entre les deux villes. Dans cette interview croisée, l’auteure Dunia Miralles et la plasticienne Katharina Henking reviennent sur leur travail et ce que représente pour elles une résidence artistique.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Dunia Miralles : mes amis disent que je suis crue et poétique, sensible et impétueuse, pleine de contradictions. La seule discipline que j’arrive à maintenir, c’est celle d’écrire.
Katharina Henking : en tant que personne aux multiples facettes, je me décrirais comme quelqu’un de loyal et d’empathique, qui ne prend rien à la légère. Faire de l’art est une façon de me connecter au monde.
Comment vos travaux peuvent-ils se nourrir mutuellement ?
DM : j’ai pu voir une exposition de Katharina au début de ma résidence. Un moment qui figurera dans mon ouvrage sur les langues qui paraîtra en 2027. Les arts plastiques sont un langage universel et le réalisme poétique de Katharina me parle.
KH : Dunia et moi ne nous connaissions pas auparavant. Je ne peux pas dire grand-chose sur son œuvre littéraire, seulement sur une magnifique lettre, traduite en allemand, qu’elle m’a remise au début de ma résidence en studio. J’imagine que, sans la barrière de la langue, nous nous comprendrions artistiquement.
Qu’y a-t-il d’enrichissant dans l’expérience de la résidence artistique ?
DM : j’écris par associations d’idées. Un changement de lieu et de rythme stimule la créativité et les associations d’idées. Winterthur se trouve à seulement 2h30 de La Chaux-de-Fonds, mais elle est culturellement très différente, d’autant que l’on y parle une autre langue. Ce dépaysement ouvre les portes de l’imaginaire.
KH : une résidence d’artiste est comme un espace protégé : on y a du temps, on est tranquille et libre des obligations du quotidien. Au début, on a toujours un peu l’impression d’être en vacances. Commence alors le travail et l’aventure avec soi-même et le lieu.
Quelles sont les spécificités de la résidence de la Fondation Winterthur – La Chaux-de-Fonds ?
DM : pour des raisons personnelles, en ce moment je ne peux pas m’éloigner de mon lieu d’habitation. Cette résidence me permet un changement aussi radical que si j’allais à l’étranger tout en restant près de chez moi pour répondre à toute urgence.
KH : le lieu culturel Villa Sträuli à Winterthur est une véritable villa. La Villa Numa à La Chaux-de-Fonds s’appelle simplement villa… Mais bien sûr, il est toujours intéressant de découvrir un nouvel endroit et sa culture. Je connaissais déjà un peu La Chaux-de-Fonds. J’aime beaucoup l’urbanisme de cette ville.
Vous avez le mot de la fin…
DM : j’apprécie l’abondance de l’offre culturelle de Winterthur et sa proximité avec Zurich et Saint-Gall multiplie les possibilités de découvrir d’autres univers.
KH : au fait, l’une de mes œuvres est exposée à la 76e biennale d’art contemporain au musée des beaux-arts La Chaux-de-fonds. Et je fais une petite présentation de mes œuvres réalisées ici à la Villa Numa.
Jean Christophe Malou, rédacteur
Photos : Katharina Henking
Vous pouvez découvrir le travail de Katharina Henking lors d’une exposition organisée ce 30 octobre à la Villa Numa
(rue Numa-Droz 175), à 17h30.