Le Grand-Pont actuel est un ouvrage d’un autre temps, celui du tout début des années 70. Alors, la voiture y est souveraine et les nouvelles techniques de construction font la modernité. Aussi, lorsque les autorités de l’époque décident de remplacer le pont ancien, modeste, vétuste et mal pratique (en poutraisons métalliques rivetées), par un ouvrage digne de la Métropole horlogère et de sa prospérité insolente au sortir des Trente glorieuses, elles conçoivent un pont en béton préfabriqué, un ouvrage routier aux gabarits généreux : des parapets en béton, deux voies de circulation dans un sens, deux voies de circulation dans l’autre. Inauguré en 1972, une année avant la grande crise, on le baptise fièrement du nom de Grand-Pont.
Un peu plus de cinquante ans plus tard, l’ouvrage d’art glorieux et indestructible a laissé place à un triste, gris et fragile lieu de passages pour les véhicules. Personne ne le regarde plus, personne ne s’y arrête, personne n’aime particulièrement l’emprunter. Pourtant, il s’agit d’une des portes d’entrée de notre centre-ville et il constitue la principale liaison entre le nord et le sud de la ville pour toutes les mobilités.
Demain, il sera au cœur d’une ville reconstruite sur la ville : en ouest, à ses pieds, le Pod requalifié et le quartier Le Corbusier densifié jusqu’à la Gare ; au nord-est, les moulins complètement rénovés ; au sud-est, sur la rue du Commerce, le Centre d’archives et du patrimoine accueillant les archives de l’État et de la Ville ; un peu plus loin, toujours sur la rue du Commerce, le Centre de l’administration cantonale ; enfin les Anciens abattoirs restaurés en véritable centre de congrès polyvalent et alternatif à haute valeur patrimoniale.
ce projet affirme encore un peu plus le vent nouveau, moderne, dynamique et durable qui souffle sur notre ville.
Le lieu est donc stratégique ; en outre, depuis son centre, les perspectives sur la ville y sont belles. Dès lors, puisque les techniques constructives des années septante nous obligent à déjà le remplacer, l’État et la Ville, dans un excellent partenariat, ont souhaité un ouvrage neuf, moderne, élégant, digne des enjeux du lieu et du temps.
C’est ainsi que fût imaginé, par les bureaux d’ingénieurs GVH, Monod-Piguet et l’architecte Yvon Allain du bureau Plarel, un pont laissant une place importante à la mobilité douce et à la végétalisation. À l’est de l’ouvrage sera créée une véritable balade urbaine séparée du trafic par des arbustes et autres plantes. Ainsi, dès 2025, c’est en toute sécurité et dans un univers de grande qualité que les familles, les écoliers et autres citoyens se rendront par exemple à la piscine ou à la patinoire des Mélèzes.