Le Tourbillon – Journal officiel mensuel de la Ville de La Chaux-de-Fonds
Illustre institution, la protection civile (PCi) trouve ses racines dans le milieu des années 1950, avec la première ordonnance du même nom. Épée de Damoclès suspendue au-dessus du pays, la guerre froide incita la Suisse à prendre des mesures pour se protéger en cas de conflit armé. Ainsi, les lois fédérales de 1962 et 1964 imposèrent aux communes de plus de 1’000 habitant-e-s la création d’organismes destinés à servir la population et à construire des abris antiatomiques. C’est en 1964 qu’elle fut formellement instituée. Son rôle a évolué depuis cette époque.
Aujourd’hui, l’institution est dédiée à l’assistance de la population en cas d’événement majeur, de situation d’urgence, de catastrophe ou de conflit armé. Au-delà de son domaine, qui est la protection de la population, ses tâches générales incluent le secours, l’assistance des personnes en quête de protection, l’appui aux organes de conduite, l’appui aux organisations partenaires (sapeurs-pompiers, service sanitaire, police, service technique) et la protection des biens culturels. Pour cela, il faut un fonctionnement interne bien conçu et rigoureusement organisé.
Ainsi, dans les Montagnes neuchâteloises, la PCi fonctionne sous la gouvernance des communes. L’OPCMN (Organisation de la protection civile des Montagnes neuchâteloises), dirigée par le lieutenant-colonel Cédric Hirschi, est chapeautée par un comité directeur régional présidé par le représentant politique de la Ville de La Chaux-de-Fonds. Au niveau des effectifs, elle repose sur des hommes de nationalité suisse (les femmes ne sont pas engagées), issus d’un recrutement commun avec l’armée.
L’entité des Montagnes neuchâteloises est composée d’environ 250 astreints. Âgés de 20 à 40 ans et provenant de milieux professionnels et sociaux variés, ils partagent la volonté de se « sentir utiles». C’est en effet le mot d’ordre qui revient sans cesse lorsqu’il est question de la protection civile. Non seulement les soldats (astreints) s’épanouissent en apportant une précieuse contribution à la société, mais en plus l’institution les met dans les dispositions nécessaires pour cela. En fonction de la nature de l’événement, chaque astreint se voit attribuer une tâche, dans la limite de ses capacités.
Pour illustrer ce propos, prenons le cas de Marc (prénom d’emprunt), lors de la tempête de juillet 2023. Après avoir travaillé plusieurs années à La Chaux-de-Fonds, ce professionnel de l’urbanisme a déménagé à Vevey, tout en restant actif au sein de la PCi des Montagnes neuchâteloises. Dans les jours qui ont suivi le début de la tempête, il a reçu un appel du lieutenant-colonel Hirschi. Sa présence était requise pour mener à bien les activités d’aide à la population. À son arrivée, on lui a remis trois choses: une donnée d’ordre, un budget et des clés de voiture. Sa mission : s’improviser chef de cuisine pour les centaines de volontaires présent-e-s sur le terrain. Dans l’immédiat, avec l’aide d’une petite équipe, il devait préparer le petit-déjeuner du lendemain pour 80 personnes.
Malgré sa méconnaissance du domaine, Marc et son équipe ont mené à bien la mission. Entre le 24 juillet et le 22 août, ce sont 7971 repas qui ont été servis. Ces objectifs n’auraient pas pu être atteints sans le renfort de leurs homologues des équipes de service et de nettoyage. Ces tâches logistiques, à l’instar de toutes celles qui ont été confiées par la direction de cette intervention, furent accomplies avec une motivation et un sens du dévouement remarquables. C’est aussi cela, la protection civile : la fierté de contribuer à améliorer les choses en allant d’un point A à un point B par tous les moyens disponibles et dans le respect de la réglementation en vigueur.
Dès lors, il n’est pas surprenant que, lors de la tempête, plusieurs astreints aient repoussé ou annulé leurs vacances pour apporter leur aide. Car celle-ci, souvenons-nous, a frappé en pleine période de vacances scolaires. Grâce aux cours de répétition suivis tout au long de l’année, ils disposaient des compétences requises pour les postes qui leur étaient attribués. Tous étaient animés par la même motivation : aider, se sentir utiles, s’investir pour le bien du plus grand nombre !
Néanmoins, une constante demeure : la discrétion. Dans de nombreux cas, ces hommes portent des tenues identiques à celles du personnel communal ou des entreprises privées présentes sur les lieux d’intervention. Une partie d’entre eux, pourtant essentielle, demeure invisible. C’est le cas des personnes travaillant en coulisses, dont nul ne soupçonne l’existence, mais sans lesquelles aucune mission ne serait menée à terme.
Grâce à leurs efforts, ils assurent un retour à la normale après les moments de crise, ou contribuent à améliorer le quotidien en dehors de ceux-ci. Et à la clé, ce mot d’ordre évoqué tantôt : se sentir utile ! Quoi de plus gratifiant lorsque ce but est atteint ?
Jean Christophe Malou, rédacteur
Photos : protection civile
Cet article est une présentation générale de l’institution. Pour des informations plus détaillées sur la protection civile, des explications ciblées et de beaux échanges, rendez-vous au marché, le samedi 11 octobre prochain (sur la place du marché, en face de la Poste) où l’OPCMN tiendra un stand.