Le Tourbillon – Journal officiel mensuel de la Ville de La Chaux-de-Fonds

Journal officiel mensuel
de la Ville de La Chaux-de-Fonds

LA BANDE À NINA

Nina Childress aime Patrick Juvet. Surtout depuis qu’elle a découvert qu’il était très gentil et poilu. Elle a donc réécouté toutes ses chansons, elle l’a peint et repeint jusqu’à l’immortaliser dans le bronze en insistant sur la patine lisse du haut de ses fesses. Elle est comme ça Nina. Elle assume une fascination continue pour les stars de son adolescence ( dans les années 1970 ), en s’attardant sur ce qui dénote leur fragilité : l’ours en peluche de Karen Cheryl, la mèche masquant les cicatrices sur le visage de Sylvie Vartan, les oreilles qui dépassent de la tignasse plate de Shelley Duval. Tiens, il semblerait donc que fragilité rime avec pilosité. L’actualité du monde et des crèmes dépilatoires ne le dément pas.


Mais attention, pas de sensiblerie  ! La peinture de Nina Childress est vigoureuse, expérimentale, irrévérencieuse. S’il y a de la virtuosité, si ça brille dans la nuit, il y a aussi du poil à gratter les yeux, des faux brillants et du lycra holographique. Bref, bien qu’elle s’en défende, Nina Childress est restée punk. Elle a d’ailleurs, par esprit de bande, invité quelques potes à poser leur tableau là, au frais sur les murs. Voilà, c’est ça la nouvelle exposition du Musée des beaux-arts : Cils Poils Cheveux, et aussi Sharon, Patrick et Kate. L’art, c’est le mercredi après-midi de la vie.

David Lemaire, conservateur du Musée des beaux-arts
Photos : Aline Henchoz