"ça commence par le feu", une création d'Anne Bisang
Directrice du Théâtre populaire romand de La Chaux-de-Fonds, Anne Bisang est aussi une metteuse en scène émérite. Dans ce riche entretien, elle revient sur sa dernière création tout en levant le voile sur sa conception du théâtre, entre engagement et poésie.
Comment est née la pièce de théâtre “ça commence par le feu” ? À l’origine, il s’agit d’une commande à Magali Mougel, autrice avec laquelle j’ai déjà travaillé. J’ai souhaité qu’elle écrive une pièce qui a pour cadre une petite ville de montagne comme la nôtre. C’est une manière de donner une voix à nos régions, qui sont peu présentes sur les scènes et dans l’actualité.
En plus de ceux du théâtre, vous avez également utilisé les codes du cinéma. Pourquoi cela ? La pièce étant conçue de manière très cinématographique, j’ai fait appel à Camille Del Pietro, jeune réalisatrice chaux-de-fonnière. Il fallait mettre en évidence le fait que la nature est un acteur à part entière. Pour cela, quoi de mieux que l’image ?
La présentation de la pièce donne l’impression que, déjà à l’époque, les jeunes menaient des combats qui sont encore d’actualité. Est-ce que c’est volontaire ? Oui. On peut faire un lien symbolique entre deux effondrements ; celui du mur de Berlin et celui de la situation écologique. Il y a 35 ans, la jeunesse avait déjà conscience de l’état de notre planète. Les éléments pour changer de voie étaient là. Pourtant le problème s’est empiré.
Le double costume de directrice et de metteuse en scène n’est-il pas quelquefois lourd à porter ? Ce n’est pas facile, mais il est essentiel pour moi de concilier les deux. Même si la fonction de directrice prend énormément de temps, je ne suis pas sûre que j’aurais été heureuse sans la pratique de l’activité théâtrale. Je veux être au plus près des artistes. Ces femmes et ces hommes qui arrivent à traduire de manière poétique les grands enjeux de l’actualité.
Quel message souhaitez-vous transmettre aux Chaux-de-fonnier·ère·s ? J’aimerais que la population comprenne la chance qu’elle a de vivre dans l’environnement qui est le sien. À la différence des grandes villes, les petites donnent la possibilité d’avoir un impact sur des questions essentielles à travers la créativité, l’audace et l’inventivité.
Propos recueillis par Jean Christophe Malou
Anne Bisang, directrice du TPR Photo : David Marchon
“Ça commence par le feu” Du 7 au 17 novembre Salle du TPR de la rue de Beau-Site 30