Dans la communication humaine, on perd facilement le réseau. Il suffit d’un rien pour brouiller le contact. Et pour cause, l’interaction physique directe entre parents et enfants est aujourd’hui parfois parasitée par son pendant technologique. La raison ? Une attention parfois excessive accordée aux écrans, par-dessus tout, celui du smartphone, et ceci aussi de la part des parents.
Les conséquences de ce transfert d’intérêt, de l’enfant à toute information émanant exclusivement des réseaux sociaux et autres plateformes de communication, peuvent être nocives. À un stade de leur croissance où l’écoute est primordiale pour leur formation, ces adultes en devenir sont très souvent séparés de leurs aînés par le paravent de la “technoférence”. Ce néologisme indique les interférences causées par l’utilisation du smartphone dans les relations interpersonnelles.
Concrètement, cela se traduit par une réduction de la disponibilité émotionnelle des parents et une communication verbale et non-verbale largement réduite. Comme le rappelle Ruth Hynek Hlavizna, responsable du centre d’orthophonie de la Ville de La Chaux-de-Fonds : “L’enfant construit, expérimente, explore en interaction avec des adultes, ou avec d’autres enfants. Quand il cherche le regard du parent et qu’il ne le trouve pas, il s’isole”.
Doit-on forcément faire porter la responsabilité du problème aux parents ? Le docteur Olaf Makaci, chef du Service de santé et promotion de la santé de la Ville de La Chaux-de-Fonds, répond par la négative : “Cette situation est due à l’amoncellement de plusieurs éléments. Dire que c’est la faute des parents est une erreur parce qu’un enfant se développe dans un environnement. Les parents font de leur mieux. La preuve en est que quand il y a un souci, ils le détectent eux-mêmes. Sans cela, ils ne prendraient pas l’initiative d’aller voir des spécialistes.”
Pour autant, la solution ne passe pas par l’exclusion de l’usage des écrans, qui sont incontournables aujourd’hui. Partager un film devant un écran de télévision, ou jouer à un jeu vidéo, peut contribuer à resserrer les liens et créer de la complicité. Aussi, au lieu d’être diabolisés, les smartphones peuvent être utilisés à des fins louables. “On ne va pas jeter nos téléphones, mais on va vivre avec de manière intelligente”, précise Ruth Hynek Hlavizna. Cela implique bien entendu de prendre quelques précautions. Entre autres, il faut fixer des règles d’utilisation des écrans dès le plus jeune âge, éviter l’exposition pendant les repas ou à l’heure du coucher, ou encore limiter sa propre utilisation des écrans. Car l’enfant se forme aussi en imitant les adultes.
Trois campagnes de prévention ont eu lieu en mai et juin dans plusieurs centres commerciaux et ont contribué à nous rappeler que mieux grandir c’est d’abord interagir.